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DEPART DE SOLDATS FRANÇAIS : un scénario écrit d’avance au Burkina Faso

Ça y est. On est sorti du brouillard. Ayant reçu une notification officielle de la part des autorités burkinabè, la France s’engage à se conformer à l’exigence du capitaine Ibrahim Traoré. Les quelques 400 soldats français de la force Sabre qui évoluaient au Burkina Faso depuis 2018 vont partir du pays au plus tard le 24 février prochain. C’en est donc terminé de ce volet-là de la coopération entre la France et son ancienne colonie. Quant à l’impact que cela pourra avoir sur d’autres aspects de cette coopération, il faudra attendre et observer. Mais d’ores et déjà, il importe de souligner que cette rupture n’a rien de surprenant. En réalité, au Burkina Faso, les soldats français n’étaient plus qu’en sursis. Parce qu’ils y sont indésirables depuis pas mal de temps.

Confiance rompue

Les manifestations anti-françaises qu’on a observées dans le sillage du coup de force qui a amené le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir n’étaient qu’une dernière illustration du rejet que l’ancienne métropole essuie dans le pays des hommes intègres. En réalité, des mois plus tôt, en dépit de son penchant pro-français, le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba se méfiait de faire appel aux troupes françaises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ou même quand les circonstances le contraignaient à le faire notamment pour repousser des attaques contre les convois de vivres qu’on acheminait en direction des villes sous blocus djihadiste, la hiérarchie militaire du Burkina Faso n’osait guère admettre publiquement qu’elle a fait appel aux membres de la force Sabre. Parce qu’elle savait que l’opinion publique ne le lui pardonnerait pas. Or, les Français, quant à eux, n’appréciaient guère que leurs efforts soient passés sous silence. Dans un contexte où on remet de plus en plus leur efficacité en cause dans la lutte contre le terrorisme, ils tiennent en effet à ce que le public soit informé de la moindre action qu’ils déploient. C’est dire qu’entre les deux partenaires, la confiance n’était plus au beau fixe.

Le convoie, l’autre indice

On n’a pas non plus oublié la mésaventure que les manifestants burkinabè ont fait vivre au convoi de l’armée française, en novembre 2021. Parti de la Côte d’Ivoire, la colonne de véhicules militaires qui devait ravitailler la base de Gao au Mali, avait particulièrement été perturbée dans sa progression au Burkina Faso. Dans un premier temps, c’est à Bobo-Dioulasso que des manifestants, à l’initiative de la Coalition des patriotes africains (COPA/BF), s’étaient dressés devant le convoi. Ensuite, ce fut à Ouagadougou et à Kaya, au nord-est de la capitale. Il avait fallu beaucoup de tact et de diplomatie de la part des autorités burkinabè à l’époque pour permettre que le convoi quitte enfin le pays. Cet épisode aussi illustre à bien des égards l’étendue du sentiment anti-français qui a pris racine dans le pays.

Pas une surprise

Une défiance dont le capitaine Traoré s’est astucieusement servie, en octobre dernier, lors du coup d’Etat contre le colonel Damiba. Ce n’est donc pas une surprise si quatre mois après, ce même capitaine exige de la France qu’elle retire ses soldats du pays. En réalité, c’est le contraire qui aurait pu surprendre. Ce, indépendamment de tous les autres reproches qu’on peut légitimement faire à la France, dans le cadre de sa coopération militaire avec ses anciennes colonies en Afrique.

A qui le tour?

Après le Mali et le Burkina Faso, à qui le tour ? C’est désormais la question qu’il importe de poser. Et tout de suite, tous les regards se tournent vers le Niger de Mohamed Bazoum. Le Niger est en effet l’autre grand partenaire de la France dans la région. Cela, le président Bazoum ne le cache pas. Il en parle même avec une certaine fierté parfois. Et il semble plutôt sûr de son fait. Au point qu’il a offert un repli par à la France quand il s’est agi pour cette dernière de sortir du Mali. Il semble également qu’une partie des soldats devant quitter le Burkina Faso devrait transiter par ce même Niger. Mais à coup sûr, dans le contexte du sentiment anti-français qui prévaut, Mohamed Bazoum risque bien de se retrouver au cœur d’une insoutenable pression de la part aussi bien des activistes de son pays que de ceux de la sous-région. Qu’il s’y prépare donc. Parce qu’en face, avec la Russie comme parrain, on est plutôt résolu.

Boubacar Sanso Barry

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