L’utilité du numérique n’est plus à démontrer. Cet outil qui se démocratise de plus en plus peut notamment participer à la transparence des élections dont l’organisation est souvent à la base de bien de problèmes sur le continent africain. Au-delà de la transparence, le numérique peut aider à réduire les coûts associés à l’organisation de ces élections, dans nos pays souvent prompts à tendre la main pour bien de choses. C’est en substance la trame de l’exposé que Djenabou Touré, directrice nationale des Affaires politiques et de l’Administration électorale, au cours du panel sur le thème : ‘’Femmes et numérique, enjeux, défis et perspectives en Guinée’’. Panel qui était organisé dans le cadre de la 5ème édition de la semaine du numérique qui se tient depuis hier au palais du peuple de Conakry. Echange au cœur duquel il y avait les questions suivantes : Comment encourager la participation des femmes dans les métiers du numérique ? Quelle politique publique pour les accompagner ?
Se félicitant d’avoir pris part à ce panel au cours duquel elle a pu partager son expérience avec d’autres femmes guinéennes et africaines, Djenabou Touré a axé son intervention sur la « digitalisation des élections en Guinée ».
Et à propos, si elle admet que les acteurs politiques doivent se faire confiance pour le succès d’une élection dans un pays, elle demeure néanmoins convaincue que le numérique peut également participer à la réduction du mur de méfiance et des suspicions entres ces acteurs. « Si au niveau du vote, on utilise le numérique dans les bureaux de vote, il ne restera alors plus qu’identifier et valider un électeur de façon biométrique avant d’accéder au bureau de vote. Cela peut diminuer l’utilisation des cartes d’électeurs non distribuées, mais également bloquer les fraudes massives. Et pour la remontée des résultats, pourquoi ne pas utiliser un système satellitaire aujourd’hui en lien avec le numérique pour remonter rapidement les résultats pour ne pas être dans cette situation », s’interroge-t-elle, en assurant que c’est là la trame de la proposition qu’elle a faite au cours duquel.
A la question relative aux stratégies permettant d’amener les femmes vers les métiers du numérique, Djenabou Touré propose la reconversion des jeunes filles. En d’autres termes, explique-t-elle : « Une jeune fille qui échoue au brevet n’est pas à rejeter. Elle pourrait être reconvertie dans les métiers du numérique comme la programmation, le développement et tant d’autres métiers du numérique ».
Mais au-delà de la femme, la Directrice nationale des Affaires politiques et de l’Administration électorale se préoccupe de l’accès au numérique par l’ensemble des citoyens, aussi bien celui en milieu rural que celui qui vit en zone urbaine. C’est pourquoi elle salue la construction en cours du village numérique à Kipé. Mais en plus, elle recommande l’installation d’une « maison numérique dans toutes les écoles, pourquoi pas pour des enfants qui sont déshérités, qui sont dans la rue et qui ont du talent et qu’on peut transformer aujourd’hui en ingénieurs et architectes dans beaucoup de métiers du numérique. Et qui peuvent réussir. Surtout ces jeunes filles qui, à longueur de journée, vendent aux abords des routes. Pourquoi ne pas utiliser le numérique pour aussi juguler les viols qui sont constant dans le pays… » ?
Fodé Soumah
