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Sommet de Paris : qu’est-ce que l’Afrique peut-elle en attendre ?

Ce jeudi 22 et demain vendredi 23 juin, Paris la capitale française concentrera l’attention d’une partie de la planète, en raison du sommet que le président Emmanuel Macron accueille autour du nouveau pacte financier mondial. Un sommet dont la symbolique réside dans le fait qu’il devrait mettre ensemble pays du nord et ceux du sud pour discuter notamment de la lutte contre la pauvreté et le changement climatique et débattre de la biodiversité. Endossant le beau le rôle, le président français voudra incarner le leader du monde occidental qui se préoccupe si bien de la misère des autres qu’il a à cœur de réformer l’architecture financière internationale. Mais entre cette posture volontariste et peut-être même authentiquement noble et les résultats concrets qu’en attendent notamment les nombreux dirigeants africains qui y seront, il pourrait y avoir un grand fossé. Parce que les nobles intentions des riches n’ont d’égale que leur tendance très marquée à ne pas honorer les engagements. Encore qu’en Afrique, on devrait davantage porter la réflexion sur les stratégies de mobilisation et de sécurisation des ressources internes.

Communication

Tout le monde ne s’en rend pas nécessairement compte. Mais le premier objectif qui sous-tend le sommet qui s’ouvre ce jeudi à Paris autour de la très attrayante promesse d’un nouveau pacte financier mondial, est d’ordre diplomatique et de communication. Indépendamment des résultats qui vont en découler, on retiendra en tout premier lieu de la rencontre qu’elle a réuni le monde entier autour du président français Emmanuel Macron. Et dans un contexte où les pays riches en général et ceux occidentaux en particulier n’ont pas forcément la cote auprès des opinions publiques des pays en développement, le président français pourrait réussir à se démarquer en se présentant comme un promoteur attitré de la réforme de la très décriée architecture de la finance internationale. D’autant que la proposition rencontre une forte demande de la part des pays du sud.

Cible commune

Ceci étant, tout n’est pas que communication. En particulier, s’il y a une idée qui ne manque pas de pertinence dans ce sommet, c’est celle voudrait que la pauvreté et le changement climatique soient envisagés comme une cible commune. Ce changement de paradigme a un double avantage. D’abord, pour ceux dont on attend l’appui, cela éviterait une dispersion des efforts et des énergies, en traquant séparément la pauvreté et le changement climatique. Alors que la réalité dans bien de pays a démontré que les deux interagissent, l’un sur l’autre. Ensuite, pour les pays en développement, il serait temps de casser la cloison qu’on jusqu’ici établie entre les deux. Ce qui en partie peut expliquer l’inefficacité et l’absence de résultats, en dépit des efforts qu’on est persuadé d’avoir consentis. Quand on cible la pauvreté, en négligeant le changement climatique, on ne peut que faire du surplace. A l’inverse, quand on est tenaillé par la pauvreté, on n’est même prédisposé à entendre le discours relatif à la préservation de l’environnement. D’où l’intérêt d’en faire un fléau commun à éradiquer.

En dépit du volontarisme de Macron

Pour le reste, le sommet risque d’être identique à tous ceux qui l’ont précédé : avec comme résultat un catalogue de bonnes intentions dont on va constater dans quelques mois qu’elles sont reléguées aux oubliettes. Ceci notamment parce qu’en dépit de son volontarisme, Emmanuel Macron n’a pas de quoi faire changer les règles qui sous-tendent les accords de Breton Woods. Les résultats qu’il espère avoir relèvent d’une petite révolution qui ne saurait se produire sans un soutien actif des Etats-Unis, de la Chine et dans une certaine mesure de la Russie. Or, ne nous faisons pas d’illusion, ces grandes puissances-là ne sont pas impliquées dans ce sommet. Avec leurs différents représentants, elles y sont davantage pour assister.

Efforts internes

Que les Africains ne rêvent pas donc trop. Avec les autres participants au sommet, ils pourront toujours échanger. Mais la réalité ne risque pas de changer de sitôt. D’ailleurs, si nous voulons que les choses changent, recentrons-nous sur nos propres efforts. Repensons les rapports entre nos dirigeants et nous-mêmes. Explorons les possibilités de mobilisation de ressources internes. Et une fois qu’elles sont mobilisées, faisons en sorte qu’elles soient effectivement employées pour nous sortir de cette dépendance qui n’a pas que trop durer.

Boubacar Sanso Barry

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