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Sommet NPF : Construire ensemble un système financier international plus réactif, plus juste et plus solidaire

A l’occasion du sommet sur le nouveau pacte financier mondial qui se tient ce jeudi et demain vendredi en France, nous partageons cette tribune signée de son Excellence, M. Marc Fonbaustier, ambassadeur de France en Guinée et en Sierra Leone. Tribune dans laquelle il met notamment en exergue les déclinaisons guinéennes des ambitions qui sous-tendent la tenue du sommet de Paris. 

L’architecture financière internationale héritée de l’après-guerre n’est plus suffisamment adaptée au creusement des inégalités, au défi climatique, à l’érosion de la biodiversité et aux défis de santé publique qui marquent le 21ème siècle. Les réponses apportées par la communauté internationale sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes. D’une part, les ressources concessionnelles déployées par les institutions de développement ne délivrent pas tout leur potentiel, notamment en termes d’impact, de co-financement et d’adéquation aux besoins. D’autre part, le renchérissement des conditions de financement et l’accroissement de l’endettement freinent les investissements dans les pays en développement et ne leur donnent pas les moyens d’affronter les défis auxquels ils font face.

La solidarité internationale est pourtant plus que jamais indispensable dans un contexte de multiplication de crises, qui fragilisent encore davantage les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Pour permettre aux pays les plus exposés de sortir de la crise COVID, de faire face aux conséquences de l’agression russe en Ukraine sur leur sécurité alimentaire et énergétique, et de financer le coût très élevé de la transition climatique et des conséquences des événements climatiques extrêmes, un changement d’échelle s’impose.

Le système financier international hérité de Bretton Woods touche à ses limites, alors que deux risques majeurs pèsent sur l’avenir de notre planète : d’abord un soutien insuffisant au développement et à la  protection des biens publics mondiaux, faute de ressources mobilisées, et surtout, un risque de fragmentation géopolitique, dans un moment où nous avons plus que jamais besoin d’un multilatéralisme efficace et d’une coopération renforcée.

Nombre de pays du G7 et du G20, d’organisations et d’associations, partagent avec la France ce constat et souhaitent porter cette même conviction : nous devons agir vite et ensemble pour corriger les déséquilibres et injustices qu’engendrent ces fractures. Nous appelons donc, aujourd’hui, à une révision de notre logiciel et à un choc de financement. Nous devons faire évoluer, ensemble, notre système financier international pour qu’il soit plus réactif, plus juste, et plus solidaire, pour lutter contre les inégalités, financer la transition climatique et la protection de la biodiversité, et nous rapprocher de l’atteinte des objectifs du développement durable des Nations Unies.

C’est l’objectif du Sommet pour le Nouveau Pacte financier mondial, qui se tient à Paris, ce 22 et demain 23 juin. Ce sommet se veut inclusif – chaque pays, chaque sensibilité, chaque proposition devra pouvoir s’exprimer.

Ce sommet s’inscrit dans une dynamique positive : le lancement de la réforme de la Banque mondiale, la présidence indienne du G20 et celle du Brésil à venir, la revue à mi-parcours des objectifs du développement durable, les engagements pris lors des COP sont autant de motifs d’espoir pour poursuivre cet élan. Et des solutions tangibles ont déjà été amorcées : le Club de Paris et le G20 ont lancé une initiative de traitement de la dette, et la France joue un rôle pivot dans la mise en œuvre de solutions coordonnées au sein de ce « Cadre commun ». Nous avons proposé et obtenu la mobilisation de 100 Md$ de droits de tirage spéciaux du FMI au profit des pays les plus vulnérables. Tous les pays qui le peuvent doivent désormais prendre leur part à cet effort. Plusieurs banques multilatérales de développement ont commencé à répondre aux demandes du G20, en mettant en œuvre de premières mesures d’optimisation du capital pour augmenter leur capacité de prêt.

La mobilisation des ressources internes fera également certainement partie des grands sujets discutés par le Sommet ; à cet égard la France continuera d’accompagner la Guinée à travers un programme d’appui à la mobilisation des ressources intérieures, cofinancé par l’Agence française de développement et l’Union Européenne, visant – là aussi – une meilleure coordination des efforts de financements, qu’ils soient internes ou externe. Avec un taux de pression fiscale parmi les plus faibles de la sous-région, les possibilités d’optimisation sur cet axe pourraient permettre un soutien durable à des politiques publiques ambitieuses.

Mais il faut aujourd’hui aller plus loin, en nous inspirant, par exemple, de l’Initiative de Bridgetown, un ensemble de solutions innovantes porté par la Barbade, pour faire face à la vulnérabilité climatique qui touche de nombreux pays en développement et à revenu intermédiaire.

Nous allons porter un agenda de réformes des banques de développement et du FMI pour mieux financer les pays qui en ont le plus besoin ainsi que les défis globaux. C’est un agenda d’amélioration des instruments et du capital existants et de promotion d’approches et d’instruments innovants pour accompagner les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. C’est aussi la volonté de mobiliser davantage de financements privés à travers des mécanismes de garantie et de partage des risques afin de réorienter les flux financiers vers ces pays afin notamment de soutenir le secteur privé local et les infrastructures durables. Cela suppose une mobilisation plus forte de nos instruments, des financements nouveaux et innovants, publics et privés.

Ainsi, en Guinée, le projet porté par l’ONG française Climate Chance et financé grâce à l’appui de l’Agence française de développement vise à mettre en place des mécanismes de financements innovants, à travers l’émission sur le marché de crédits biodiversité visant à préserver le riche patrimoine naturel guinéen. La mobilisation du secteur bancaire, mais aussi privé – à l’heure où de grands projets miniers s’affirment au grand jour – sera décisive pour permettre à la Guinée d’atteindre ses objectifs, ambitieux, de développement durable mais aussi d’adaptation au changement climatique.

Pour être plus efficaces, nos institutions financières internationales doivent pouvoir s’engager encore davantage qu’elles ne le font actuellement pour travailler mieux ensemble, tout en mobilisant mieux l’épargne privée. Pour être plus inclusifs, nous devons, surtout, donner une voix plus importante aux pays les plus vulnérables dans les enceintes internationales.

En Guinée, c’est là tout le changement de paradigme que nous souhaitons faire porter à notre action – notamment à travers les nouveaux partenariats opérés notamment au travers de l’Agence française de développement qui cherche à mobiliser d’autres partenaires autour de l’atteinte des objectifs de développement durables et ce en vue d’améliorer les conditions de vie des guinéens et des guinéennes. Aux côtés des bailleurs multilatéraux, comme la Banque africaine de développement, la Banque mondiale ou encore le Partenariat mondial pour l’Education, mais aussi régionaux comme l’Union Européenne, la France permet ainsi de démultiplier les fonds et les actions en faveur d’un meilleur accès à l’éducation, à l’électricité, à l’eau potable ou encore à l’assainissement solide.

Ainsi depuis 2018 pour un euro investi, c’est trois euro de plus que l’Agence française de développement a réussi à mobiliser en allant chercher des fonds additionnels auprès des partenaires, pour augmenter les impacts des projets qu’elle finance.

Le Sommet pour un nouveau pacte financier mettra au premier plan les enjeux financiers internationaux, la présence de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement donnera l’impulsion nécessaire pour obtenir les transformations qui s’imposent.

Nous n’avons pas à choisir entre la lutte contre la pauvreté, la lutte contre le réchauffement climatique  et ses conséquences, et la protection de la biodiversité. La transition juste est la seule réponse.

Marc Fonbaustier, ambassadeur de France en Guinée et en Sierra Leone

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