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Sénégal : que nous cache Macky Sall ?

Le président sénégalais est décidément parti pour remporter son pari. Il y a encore dix jours, la probabilité pour que l’idée du report de l’élection présidentielle du 25 février puisse prospérer, demeurait très faible. Mais aujourd’hui, les choses ont plutôt évolué. Les tractations derrière les rideaux et les arrangements politico-politiciens sont en train de supplanter la détermination des Sénégalais. Ousmane Sonko qui ne tient visiblement pas aussi bien aux principes qu’il l’a jusqu’ici prétendu, est lui-même désormais disposé à consentir un glissement à Macky Sall, si en retour cela peut lui permettre de retrouver la liberté. Pourtant, les adversaires du président sénégalais devraient y aller avec une certaine prudence. Parce que Macky Sall ne semble pas avoir dévoilé toutes ses cartes. Qu’il se réveille si subitement pour nous chanter la paix et l’inclusivité de l’élection, cela a quelque chose de suspect. De toute évidence, il réserve à la classe politique sénégalaise une surprise que certains pourraient ne pas apprécier. Attention donc à ne pas pécher par naïveté.

Paradoxe et flou

Ça saute aux yeux. Quelque chose ne colle pas dans cette façon si soudaine du président sénégalais de se muer en apôtre de la paix et d’une élection à laquelle tout le monde prendrait part, avec une chance équitable de l’emporter. Macky Sall aurait-il passé l’essentiel de son second mandat à échafauder des plans pour empêcher Ousmane Sonko de lui succéder, pour se raviser si subitement à la veille de cette élection ? Ça n’a aucun sens. Et ce n’est pas du complotisme que de mettre en exergue un paradoxe aussi manifeste. De même, on nage dans un flou total au sujet des rapports entre le chef de l’Etat sénégalais et son premier ministre et candidat de la majorité, Amadou Bâ. Certes, officiellement, aucun d’entre eux n’a remis en question leurs relations. Mais on sait qu’entre eux, ça n’a pas été la grande entente depuis quelques semaines. Au point que Macky Sall ne semble pas avoir été affecté par le fait que le PDS de Karim Wade ait accusé le premier ministre, d’avoir corrompu des magistrats du Conseil constitutionnel. Tout au contraire, il s’en est plutôt servi pour provoquer le report du scrutin. Ainsi donc, nous sommes dans un cas de figure où le même Macky Sall, ne remettant pas en question son choix porté sur Amadou Bâ, pour lui succéder, est néanmoins en alliance avec Karim Wade, tout en travaillant à réhabiliter Ousmane Sonko. Cette grande entente-là est tout simplement impossible.

Jeu de dupes en perspective

Dans une telle confusion et dans un contexte où la démarche du président est aussi indéchiffrable, c’est plutôt risqué pour certains de désarmer, contre les seules promesses de bonne foi de Macky Sall. Ousmane Sonko en particulier doit savoir où il pose les pieds. Dans le jeu de dupes qui se met en place, c’est lui qui a le plus à perdre. Son intransigeance et son refus de compromission lui ont jusqu’ici valu le soutien d’une frange importante de l’opinion publique. Par la force de sa lutte, il a réussi à forger de lui-même l’image de celui qui peut incarner l’alternative face à la dérive Macky Sall. Mais ces atouts, il risque de les ruiner s’il ne réussit pas à bien négocier le virage en perspective. En particulier, si les Sénégalais perçoivent chez lui une tendance à privilégier sa personne et ses intérêts au détriment des principes et des aspirations de ses compatriotes, c’en sera fini de lui. A cela, s’ajoute le risque très probable qu’il se fasse dribbler par le président sénégalais. Mieux que quiconque, le leader du PASTEF sait que Macky Sall redoute particulièrement qu’il lui succède. Toute la misère qu’Ousmane Sonko a vécue ces dernières années n’était dictée que par cette obsession de l’empêcher de s’installer sur trône après le départ de Macky Sall. Pour cela, que de Sénégalais tués, blessés ou emprisonnés, de commerces détruits, de bus calcinés, de destins brisés ! Mais comme par enchantement, le président sénégalais serait désormais disposé à accompagner ce même Sonko jusqu’au palais présidentiel ? Voilà qui est trop beau pour être vrai.

Boubacar Sanso Barry

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