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Union africaine : l’échec assumé face aux crises

L’Afrique et les crises, c’est une association à laquelle on est plutôt habitué. Mais ce lien a rarement aussi bien illustré qu’avec ce qui prévaut aujourd’hui sur le continent. Tenez ! Le Mali, la Guinée, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger et le Gabon, sont tous en transition à la suite de coups d’Etat militaires. Depuis environ un an, le Soudan qui n’était déjà pas en bonne santé, est déchiré par une guerre fratricide entre deux de ses fils, Mohamed Hamdan Dagolo et Abdel Fattah al-Burhan. Quant à la RD Congo, les promesses électorales du président Tshisekedi peinent à ramener la paix dans l’est du pays. Entre l’Ethiopie et la Somalie, le mur de la méfiance et des suspicions s’épaissit chaque jour. Enfin, au Sénégal, si le Conseil constitutionnel a courageusement pris ses responsabilités face à Macky Sall, ce dernier ne semble toujours pas disposer à entendre la voix de la raison. Et c’est dans ce contexte de crises tous azimuts que, le week-end dernier, s’est tenu le 37ème sommet de l’Union africaine sur les hauteurs d’Addis-Abeba. Autant dire que le conclave des présidents s’est borné à constater l’échec de l’instance panafricaine face à tous ces foyers de tension.

Azali Assoumani, un bilan mérité

Le président sortant de l’Union africaine – le Comorien Azali Assoumani – fait des pieds et des mains pour dresser de son passage à la tête de l’institution panafricaine, un bilan positif. Ainsi, souligne-t-il volontiers, l’intégration de l’Union africaine au sein du club du G20. Il s’approprie aussi un progrès moins évident du chantier de la ZLECAF. Mais en face, les crises notamment politiques n’ont pas que résister. Elles se sont mêmes étendues, avec les coups d’Etat au Niger et au Gabon et la persistance des insolubles tensions dans l’est du Congo de Tshisekedi. Bref, le bilan de Assoumani demeure lamentablement négatif. Mais aurait-il espéré mieux ? Lui dont l’arrivée au pouvoir n’a rien d’exemplaire et dont le pays, une île oubliée au fin fond de l’océan indien, n’a ni le poids diplomatique, ni la puissance économique qui lui permettraient de peser dans les différentes crises.

Dérobade facile

Cela étant, le président comorien n’a pas nourrir des remords. Le Mauritanien qui lui succède n’aura guère de meilleurs résultats, quand ce sera pour lui le moment de passer le relai à quelqu’un d’autre. Ce ne sont pas les dirigeants qui se succèdent au sommet de l’Union africaine qui sont nécessairement inefficaces. C’est l’institution elle-même qui, depuis longtemps, n’assume plus ses responsabilités dans la gestion des crises sur le continent. Dépendante des subsides que lui versent des acteurs extérieurs au continent, notoirement inhibée par les divergences récurrentes des dirigeants et sclérosée par des présidents qui se soucient davantage de la préservation de leurs pouvoirs respectifs que du progrès réel et authentique de l’Afrique, l’Union africaine s’est trouvée un moyen facile de se dérober, quand les crises éclatent. Il s’agit de ce principe qui voudrait qu’un problème dans un des pays soit davantage de la responsabilité de l’organisation régionale dont le pays en question relève.

Un principe instrumentalisé

Basée sur la proéminence de la proximité et destinée à aider à l’intégration effective du continent, en partant de ces communautés régionales, l’approche n’est pas mal en soi. Mais il y a que l’Union africaine s’en prévaut pour ne plus rien faire. L’institution, à travers ses dirigeants, se servent et instrumentalisent ce principe-là pour masquer ses lacunes et insuffisances et justifier son oisiveté. Ainsi, on ne l’entend quasiment pas dans le cadre des crises notamment en Afrique de l’ouest. Hormis les communiqués lapidaires qu’elle sort de temps en temps, elle est totalement inexistante dans ces crises-là. La patate chaude étant subtilement et astucieusement refilée à la CEDEAO, elle-même en situation de mort cérébrale. Bien sûr, aussi bien au niveau régional qu’à celui continental, toutes ces organisations restent minées par un incompréhensible déficit de ressources. Mais en réalité, ce n’est pas cela la cause de cette honteuse démission. Cette cause-là, elle est davantage dans le refus de nos dirigeants d’assumer leurs responsabilités. Il y a qu’à la tête de nos différents pays, trônent des dirigeants dont la conception du pouvoir se limite à sa dimension jouissive. Collectionner les belles voitures, les femmes et les maîtresses et les villas luxueuses, voici ce qui les préoccupe. Le place et le rôle de l’Afrique, l’avenir de la jeunesse du continent, la précarité en milieu rural, etc, viennent bien après. D’où le nombre élevé de crises qui renvoient cette image peu reluisante de notre continent. D’où aussi le peu d’intérêt que ces crises revêtent paradoxalement pour l’Union africaine.

Boubacar Sanso Barry

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