Dans un contexte mondial où la technologie évolue à une vitesse fulgurante, la gestion des déchets électriques et électroniques est devenue un enjeu critique tant pour l’environnement que pour la santé publique, d’où l’institution d’une Journée internationale des déchets d’équipements électriques et électronique. En Guinée, comme dans de nombreux pays en développement, le manque d’infrastructures adaptées et la gestion informelle de ces déchets compliquent la situation. Souleymane Soumah, Enseignant-Chercheur et Chef du Département de Génie Électrique à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, met en lumière les risques, mais aussi les opportunités que représentent ces déchets pour la Guinée.
Ces déchets se classent en plusieurs catégories : équipements électroménagers, appareils informatiques et de télécommunication, électronique grand public, outils électriques, équipements médicaux non contaminés, et jouets électroniques. Chacune de ces catégories comporte des risques spécifiques, mais représente aussi un potentiel de recyclage et de valorisation non négligeable. Cette diversité des déchets électriques et électroniques complique leur gestion, mais accentue aussi leur intérêt comme source de matières premières.
Les déchets électriques et électroniques, comprenant des appareils tels que réfrigérateurs, téléviseurs, ordinateurs et jouets électroniques, contiennent des substances dangereuses comme le plomb, le mercure et le cadmium. « Lorsqu’ils sont abandonnés à l’air libre, ces substances peuvent s’infiltrer dans le sol ou dans l’eau, polluer les nappes phréatiques et contaminer la faune et la flore, » avertit Soumah. L’impact environnemental est grave, et les effets sur la biodiversité et la qualité des ressources en eau menacent directement la santé des populations.
Soumah met également en garde contre les risques liés à une gestion informelle de ces déchets. « Certains composants de ces déchets sont inflammables, ce qui peut provoquer des incendies, » précise-t-il. De plus, les substances toxiques comme le plomb ou le mercure peuvent causer des maladies graves, notamment des « troubles neurologiques ou rénaux, lorsque ces éléments pénètrent dans la chaîne alimentaire ». L’absence de systèmes de traitement adaptés expose donc la population à des risques sanitaires accrus.
Cependant, ces déchets, loin d’être une fatalité, constituent également une ressource précieuse. « Dans une logique où rien ne se perd, rien ne se crée, les déchets électriques et électroniques sont une mine de ressources », explique Soumah. En effet, les métaux rares comme le cuivre et le palladium, contenus dans les appareils électroniques, peuvent être récupérés et réutilisés. Ce recyclage réduit non seulement la pression sur les ressources naturelles, mais permet aussi de diminuer les coûts de fabrication de nouveaux appareils, tout en limitant l’empreinte écologique liée à l’extraction de matières premières vierges.
Pour limiter l’impact de ces déchets sur l’environnement, Soumah insiste sur l’importance de la sensibilisation et de la mise en place de structures de collecte spécialisées. Les déchetteries et les services de reprise proposés par les distributeurs sont des solutions efficaces, mais sous-utilisées. Encourager la réparation et le réemploi des appareils permet également de prolonger leur durée de vie, ce qui contribue à une réduction des déchets. « Il est essentiel de prolonger la durée de vie des équipements pour réduire la quantité de déchets générés et maximiser leur réutilisation », conclut-il.
Thierno Amadou Diallo