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Macron au Maroc : l’idylle aux dépens d’Alger

Ce lundi 21 octobre, c’est une visite en pays conquis qui commence par le couple présidentiel français. Après trois ans de brouille, le Maroc et la France entendent inaugurer écrire un nouveau chapitre de leurs relations, avec la visite d’Etat de trois jours qu’Emmanuel et Brigitte Macron effectuent à partir d’aujourd’hui dans le royaume chérifien. Une nouvelle ère dite de la réconciliation née de la reconnaissance par le président français, en juillet dernier, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Un coup de pouce diplomatique pour lequel le roi Mohamed VI entend remercier comme il se doit le président français. D’où cette visite d’Etat, le premier réservé à un président français, depuis plus de 10 ans, assorti de quelques privilèges : accueil par le roi lui-même et au son de 21 coups de canon, allocution du président français devant le parlement marocain, diner spécial en l’honneur d’Emmanuel et Brigitte Macron, etc. Mais on imagine que du côté d’Alger, ce déplacement suscitera moins d’enthousiasme. Mais pour l’instant, Emmanuel a fait son choix. Advienne que pourra.

Les sujets de friction oubliés

Il en va des relations entre les pays, comme de la météo. Tantôt les rapports sont froids. Tantôt, ils sont cordiaux. Quelques mots glissés dans un discours peuvent très brusquement les faire évoluer du temps brumeux vers un été enchanteur. Et c’est exactement ce qui s’est passé dans le cas de la France et du Maroc. Quand, le 30 juillet 2024, à la suite des Etats-Unis, de l’Etat d’Israël et même de l’Espagne, Emmanuel Macron a consenti à la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, on a subitement oublié tous les sujets de friction entre les deux pays. Plus question de désaccords sur le sujet migratoire. Enterrée également la grande colère que les autorités françaises avaient pourtant manifestée au sujet du logiciel Pegasus utilisé par les services marocains pour espionner les responsables français, le président Macron y compris. Redevenus des tourtereaux, les deux pays entendent marcher désormais la main dans la main. Mais qu’on ne s’y trompe guère. Entre Paris et Rabat, il ne sera pas question d’amour, mais d’intérêt, le principe au cœur de toutes les relations entre tous les pays. Est ainsi annoncée la signature d’accords sur l’eau, l’énergie, l’éducation ou encore la sécurité intérieure. Plus concret encore, en marge de cette visite pompeux et archi-médiatisée, pourrait être actée la commande d’au moins 12 caracal, par les Forces armées royales. Et c’est Airbus Helicopters qui devrait s’en féliciter. Pour Paris, c’est là un motif légitime de ravaler sa colère et de tourner la page de la mésentente.

Un succès diplomatique pour Rabat

Pour le Maroc, en soi, la visite du président Macron sonne comme un succès diplomatique. Surtout vis-à-vis du voisin et rival algérien qui s’en trouve plutôt isolé. D’autant qu’en début octobre, Abdelmadjid Tebboune, écartait l’idée de sa venue en France, après justement l’appui de Macron au plan d’autonomie du Sahara occidental proposé par le Maroc. Dans le contexte du réchauffement des relations entre les deux pays, la partie marocaine peut en outre espérer un débat plus serein sur la question sensible de l’immigration. En particulier, les Marocains souhaiteraient voir les autorités françaises abandonner la politique de limitation de l’octroi des visas. En principe, Paris n’est pas figée sur la question. Mais en retour, elle a une exigence : que le Maroc consente à mettre à disposition des laissez-passer permettant le renvoi des Marocains dont le séjour en France n’est pas désiré. Ce que Rabat elle aussi pourrait plutôt concéder. Même s’il ne faut pas nécessairement s’attendre à ce que les accords sur cette question soient rendus publics dans le sillage ou à l’issue de la visite qui commence ce lundi.

Chantage mémoriel

Bref, comme c’est souvent le cas dans la polygamie, maintenant que la France a choisi de faire du Maroc sa préférée, elle doit se préparer à supporter les complaintes de l’épouse répudiée qu’est l’Algérie. Et cette dernière, comme c’est le cas à chaque fois que les rapports avec la France sont dans le creux de la vague, aura à cœur de convoquer le passif de la colonisation par métropole du général de Gaule. Mais pour l’instant, alors qu’il a les yeux rivés sur les intérêts escomptés de cette nouvelle idylle avec le Maroc, Emmanuel Macron sera très peu disposé à se laisser atteindre par le chantage mémoriel venant d’Alger.

Boubacar Sanso Barry

 

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