Poursuite du procès de l’ancien ministre des mines, Ahmed Kanté ce lundi 28 octobre au tribunal de première instance de Kaloum, après trois mois de suspension. Il est accusé d’abus de confiance et concurrence déloyale au préjudice de la société African Bauxite Corporation (ABC), représentée par le Russe Alexandre Zotov.
Comme ses dernières comparutions, Ahmed Kanté a rejeté une nouvelle fois les accusations mises à sa charge. Y compris l’histoire d’un montant de 10 millions de dollars en violation manifeste de la loi et au détriment de M. Alexandre Zotov.
« ABC n’existe nulle part au niveau du ministère des Mines »
Interrogé sur ses relations avec la société ABC, le prévenu a déclaré n’avoir aucun contact avec celle-ci. Par conséquent, il ajoute qu’il n’y a aucun document qui atteste l’abus de confiance. « La société ABC n’a aucun titre pour exploiter en Guinée, elle ne figure même pas dans le cadastre minier guinéen… ABC n’existe nulle part au niveau du ministère des Mines », a-t-il indiqué.
Plus loin, Ahmed Kanté est allé jusqu’à contester ses actions au sein de la société AGB2A en tant que personne physique. « En tant que personne physique je ne suis pas actionnaire de la société AGB2A, je n’ai pas signé d’acte… Je ne suis responsable des actes qu’on pourrait reprocher à AGB2A, en tant que personne physique », a-t-il lâché.
A l’issue de ces déclarations, Me Sékou Fofana, l’un des avocats d’Ahmed Kanté, a demandé au tribunal d’ordonner un transport judiciaire sur le site de Boffa, conformément à l’article 577 du code de procédure pénale.
Et, à en croire l’avocat, la partie civile est dépourvue de toute preuve contre Ahmed Kanté. « Il n’y a pas de preuve écrite, il n’y a pas de témoin, absolument rien. Tout cela n’est que du verbiage sans fondement juridique. Ahmed Kanté n’a jamais agi dans le dos de ces gens-là », a déclaré Me Fofana, remettant en cause la solidité du dossier de la partie civile.
Justement, le conseil de la partie civile a balayé d’un revers de main ces arguments de Me Alkaky Mohamed Touré. D’après lui, les propos tenus par Ahmed Kanté lors de sa première comparution contrastent avec ceux qu’il a tenus ce lundi. Pour lui, l’ancien ministre des mines a tout simplement souscrit à la dénégation systématique pour tromper l’apparence du tribunal. « Ces déclarations sont de nature à noyer le poisson tout simplement… c’est quelqu’un qui a été préparé pour cette audience, et qui a cherché à faire évoluer ses déclarations c’est-à-dire, ses déclarations d’aujourd’hui contredisent, celles de la dernière audience. Il disait lors de la dernière audience que c’est les contrats d’amodiation qu’on a accordés. Je lui ai demandé, s’il avait la preuve, il a dit oui. Puisqu’il sait qu’il n’a pas de preuve là ; aujourd’hui il change de version en disant que c’est une autre société encore », a-t-il indiqué.
Après l’intervention des deux parties, l’audience a été renvoyée au 4 novembre prochain pour la suite des débats. La partie civile aura également la chance de se prononcer sur la demande de la défense relative au transport judiciaire sur le site.
Les prochaines audiences s’annoncent cruciales pour clarifier les éléments de preuve dans cette affaire complexe mêlant enjeux juridiques et rivalités économiques dans le secteur minier guinéen.
Fodé Soumah