Les défis de son département, celui de l’Enseignement pré-universitaire, il en est pleinement conscient. Jean-Paul Cedy n’ignore pas notamment que l’enseignement pré-universitaire public s’est affaissé. Cela en partie parce qu’il y a un déficit d’enseignants qu’il n’élude pas non plus. Mais sans s’ériger en « redresseur de tort », il assure que le processus de correction des lacunes est en cours. Bien sûr, il admet que les ressources notamment financières ne sont pas illimitées, mais avec les nouveaux programmes dont le déploiement devrait prochainement commencer et la digitalisation, devenue indispensable, dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à la rédaction du Djely, le ministre promet que les choses pourraient se résorber progressivement. D’autant que la période de transition se prête tout particulièrement à la correction.
Ledjely.com : Monsieur le ministre, on a de plus en plus l’impression que l’école publique n’inspire plus confiance. Est-ce qu’au niveau de votre département, vous entendez les complaintes des parents d’élèves à ce sujet ?
Jean-Paul Cedy : Tout à fait, nous en sommes conscients. Mais je voudrais quand même relever que ce déficit n’est pas lié uniquement au système éducatif. Je crois qu’il y a une défiance globale du citoyen vis-à-vis du service public. Que ce soit en rapport avec l’électricité, l’eau ou les routes, il y a cette déficience à tous les niveaux. Mais je n’utilise pas ça comme paravent pour dire que l’insatisfaction n’est pas fondée. Elle est bien réelle. Et justement, une des missions du ministère, c’est de renouer cette confiance entre parents d’élèves et le système d’enseignement public.
Vous êtes conscient que l’insatisfaction est réelle. Qu’est-ce qui est alors entrepris ou peut être entrepris pour y remédier ?
D’abord, je ne m’inscris pas en redresseur de tort. Je ne vais pas vous promettre que cette année, nous allons corriger un problème qui s’est accumulé sur près de 20 ans. Mais nous devons commencer quelque part. Et justement, nous avons l’opportunité, dans un dispositif de transition, de remettre les choses à plat. Parce que nous ne sommes pas obligés de suivre la politique d’un parti. Nous avons la possibilité, en tant que technicien, de réfléchir à ce qui peut être fait pour que très rapidement, la base soit restaurée Conformément à la refondation prônée par le CNRD, nous pouvons mettre la base en place.
Pour ce qui est de l’enseignement public, d’abord, le premier combat qui est en train d’être mené, c’est celui de fournir des enseignants au système éducatif. Nous n’en avons pas suffisamment. Il y a un déficit de près de 8000 enseignants aujourd’hui. Nous nous battons pour trouver des solutions. Nous sommes tous les jours en train de chercher une solution pour au moins un enseignant ou un adulte dans une classe où il y a quelques jeunes. Cette question enseignante est importante, tant dans la formation des enseignants que dans l’amélioration de leurs conditions de vie et aussi – ce qui est très important même si on le néglige – les conditions de travail.
Nous sommes également en train d’essayer de réveiller des choses qui semblent anodines, à savoir la santé des enfants. C’est dans ce cadre qu’on lance un programme de visite médicale des enfants, afin éventuellement d’identifier très tôt les difficultés d’apprentissage et d’y remédier.
Nous travaillons également à la formation continue des enseignants. Nous n’avons pas suffisamment de ressources, mais accompagnés par les partenaires techniques et financiers, nous mettons en place un dispositif d’accompagnement qui va être effectif cette année, tout au long de cette année, sur les premières classes de primaire afin de voir un peu l’effet au CP et au CE. On va essayer de faire de la formation continue pour les enseignants.
Par ailleurs, comme je le disais à ma prise de fonction, nous allons essayer de dépolitiser la structure du système éducatif. C’est-à-dire qu’au niveau des écoles et des inspections, il y ait des techniciens de l’éducation et pas des militants des partis politiques. C’est un souhait. Si nous avons de véritables techniciens sur les structures déconcentrées, notamment les structures opérationnelles, on a des chances d’avoir beaucoup de résultats. Et que nous laissions aux politiques de réfléchir à la politique éducative qu’ils vont proposer à ces techniciens
Avec les quelques initiatives que vous mettez en place aujourd’hui pour refonder l’enseignement public, à quelle échéance espérez-vous voir peut-être la tendance s’inverser pour l’enseignement public pré-universitaire ?
Très sincèrement, si nous élaborons une bonne technique, si nous mettons en place une bonne structure suivie, je pense que dans les quatre années qui vont suivre, nous pourrons constater les effets au sortir du CM avec des élèves qui sauront lire correctement, comprendre un texte argumentatif et maîtriser les opérations fondamentales. Ça, je suis convaincu que si nous y mettons toute notre conviction, si nous avons les moyens financiers, au bout de quatre ans, au sortir du CM, nous aurons des élèves qui ont le niveau du CM.
Ainsi donc, la « dégradation » du niveau de l’enseignement public pré-universitaire n’est pas une fatalité ?
Non. Pour moi, on peut parler de dégradation au supérieur parce que les élèves qui arrivent au supérieur n’ont pas le niveau du supérieur. On peut parler à la limite au lycée ou au collège de dégradation … Mais au primaire, nous avons des ardoises et des enfants intelligents, prêts à apprendre. Ils ont toutes les qualités pour apprendre. Ça ne dépend que de nous. Le professeur de lycée est obligé de faire avec ceux qui ont déjà des lacunes. Le prof d’université est même parfois obligé de baisser les bras et de laisser faire, parce qu’il ne peut pas rattraper les lacunes. Mais au primaire, un enfant qui rentre au CP a tout le potentiel pour tout apprendre, il vient avec les aptitudes enfouies en lui.
Il suffit que les enseignants soient là, qu’ils aient les moyens nécessaires, que les conditions s’y prêtent pour que cet enfant apprenne. À ce niveau, il n’y a pas de risque.
Le risque est au niveau des adultes, pas de l’enfant.
Vous avez tantôt évoqué la question du déficit d’enseignants. On l’a récemment constaté avec nos correspondants notamment dans les régions de Kankan et N’zérékoré. Il est toujours question de la prise en charge des enseignants manquants par la communauté. Comment expliquer ce déficit, en dépit de la vague de recrutement qu’il y a eu récemment, notamment parmi les enseignants contractuels communaux ?
Il faut savoir que les enseignants qu’on appelle contractuels, qui ne sont plus contractuels, parce qu’ils sont engagés, étaient recrutés sur poste. C’est-à-dire qu’ils existaient déjà sur poste. Ils étaient près de 18.000. Nous en avons retenu 10.000 qui répondent aux critères administratifs. Je ne parle pas des critères académiques et pédagogiques, mais qui répondent aux critères administratifs (nationalité, ayant moins de 40 ans et plus de 18 ans et ayant un diplôme requis, etc.). Ceux-là ont été recrutés. Mais le déficit d’enseignants demeure. Déjà, à ce niveau, vous voyez qu’il y a 8.000 qui n’ont pas pu être retenus. Mais au-delà de ces 8.000, il y avait aussi une demande, notamment au secondaire, parce que la quasi-totalité de ces contractuels dont vous parlez là, se rapportaient au primaire.
Au secondaire, l’État a fait encore un effort surhumain pour, en plus des 10.000, recruter près de 2.000 enseignants. Mais nous n’avons pas pour le moment la capacité de couvrir toutes les salles de classe de Guinée. Parce qu’il faut savoir que les écoles en Guinée ne sont pas uniquement établies sur la base de la carte scolaire. Toutes les communautés en créent. Et quand elles les créent, elles veulent des enseignants. C’est légitime. Mais ces enseignants, ils sont payés par le budget de l’État. Or, l’État ne peut pas avoir un budget flexible à perpétuité. Il y a des prévisions qui sont faites pour dire que nous ne pouvons, cette année, en termes de ressources, prendre qu’un tel nombre. Et c’est ce que l’Etat a fait. Parce qu’on est obligé de suivre ces prévisions. Imaginez en effet que nous mettions 20.000 personnes dans les classes et que nous ne les payions pas. On va nous taxer d’irresponsables, on va même penser que nous avons utilisé cet argent pour nous-mêmes. Donc, c’est très complexe. Mais moi, en tant que ministre de l’Enseignement, je veux que les gens comprennent bien que j’ai besoin d’enseignants et que je ne ferai rien pour refuser des enseignants. Pour moi, c’est même illogique. Il faut toujours se rappeler que c’est l’État qui paye, ce n’est pas moi, ce n’est pas le ministère de l’Éducation qui paye les enseignants. C’est le budget national et ce n’est pas moi qui recrute les enseignants, c’est le ministère du Travail.
Je crois que les gens ont du mal à comprendre ce mécanisme de décision. Mais je crois que c’est un mécanisme qu’il faut préserver. Parce que si moi je prenais selon mes besoins sans consulter les autres, ce serait invivable.
Maintenant, que les populations prennent des initiatives, moi, je suis personnellement, en tant que ministre de l’Enseignement pré-universitaire, pour cela. J’incite et je demande même aux communautés de nous aider, de prendre des initiatives de ce genre. Une prise en charge des de…je dirais du personnel pour leurs écoles. Parce que parfois, ils n’ont pas le métier d’enseignant. Mais au moins, ce sont des adultes responsables qui vont surveiller les enfants. Il nous reviendra à nous d’accompagner les communautés à former ces personnes, à mieux faire leur travail, jusqu’à ce que l’État ait les moyens d’y mettre des professionnels. Mais c’est une excellente chose que les populations l’envisagent, mais elles doivent le faire avec nous.
Parlons maintenant de la révision des programmes. On en entend souvent parler dans les médias. Mais concrètement, où en est le processus aujourd’hui ?
Il est important qu’on sache que dans le système éducatif, il y a des techniciens qui sont constants. Il y a un programme décennal de l’éducation (PRODEG) qui a été élaboré en 2018 et qui doit couvrir la période 2019-2029, soit 10 ans. Programme à l’intérieur duquel les grandes orientations du système éducatif sont déclinées par des spécialistes venus du monde entier via des bureaux réputés en termes de programmation et par des cadres guinéens.
Dans ce PRODEG, il y a un volet qui est le cadre d’orientation curriculaire qu’on appelle aussi programme tel que vous l’entendez, à savoir les programmes que nous allons faire du primaire jusqu’au secondaire. Donc, ce processus existe, il est actuellement en déroulement. Il entend revisiter tous les programmes de classe pour les adapter à nos besoins. Ces programmes vont se moderniser, vont prendre en compte le monde tel qu’il se présente aujourd’hui. Je vous prends simplement toutes les questions des nouvelles technologies qu’il faut donc aujourd’hui prendre en compte dans la méthodologie d’enseignement. Il faut aussi voir la configuration du monde aujourd’hui en termes de mondialisation et de tout ce qui s’ensuit. Donc, les apprentissages doivent en tenir compte. Il faut aussi prendre en compte, par exemple, notre besoin d’inculturation, de préemption de nos cultures, de nos valeurs de défense de notre identité. Donc, ça va être pris en compte. La qualification de l’enseignant, du métier d’enseignant, tout cela va être pris en compte. On a fini pratiquement avec les programmes du primaire qui ont été revus.
Mais quand un programme est revu, il n’est pas mis en œuvre tout de suite. Ce n’est pas automatique. Il faut l’éprouver. On va l’expérimenter dans un certain nombre d’écoles et de classes, à une petite échelle, pour voir ce que ça donne, est-ce que ce que nous pensons est pris en compte. Au sortir de cela, les manuels vont être élaborés, si c’est concluant et surtout, les enseignants vont être formés pour les adapter à la nouvelle vision.
Parce que ce qu’il faut savoir, c’est qu’un programme scolaire, c’est l’aboutissement d’une philosophie, c’est l’aboutissement parfois même d’une idéologie, d’une vision. Donc, il faut former les enseignants à cette nouvelle vision, à ce changement. Et ça demande également du temps et des ressources.
Ce qui fait que nous pensons qu’on sera au bout de ce processus de remise ou de refonte des programmes, dans les quatre années. Maintenant, leur mise en œuvre va se faire de manière séquentielle. On va commencer par les premières classes du primaire, puis les secondes classes du primaire, les premières classes du collège, les secondes classes du collège et le lycée.
En gros, peut-être dans quatre voire cinq ans, on aura commencé à l’élémentaire ?
Non, dès maintenant, nous allons commencer à l’élémentaire. On souhaite qu’à la rentrée 2025-2026, on puisse lancer les nouveaux programmes pour les premières classes du primaire
Et vous rassurez que dans ces nouveaux programmes, la question récurrente de l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi sera prise en compte ?
Tout à fait, parfaitement. Je vous l’ai dit, ces nouveaux programmes ne sont pas faits par un individu. Ce n’est pas M. Cedy qui, tout seul, sous un arbre, aura à le faire. Non, ce n’est pas comme ça. Il y a des spécialistes du monde entier, des bureaux de l’UNESCO qui sont spécialisés dans cela et qui tiennent compte de tous ces paramètres, qui sont impliqués dans ce travail. Maintenant, nous, on doit plutôt se battre pour que notre programme soit un peu plus local, c’est-à-dire que nous gardions nos spécificités. Mais pour ce qui est de l’adéquation entre nos programmes et le besoin du marché international, parce que c’est de ça qu’il s’agit, on n’a pas trop à s’inquiéter, ça sera fait dans ce sens.
Mais je pense, pour ma part, moi, en tant que ministre de l’Enseignement et porteur du projet gouvernemental au niveau de l’enseignement, je dois me préoccuper que nos spécificités guinéo-guinéennes soient prises en compte dans ces besoins mondiaux.
Que notre particularité de Guinée soit reconnue et mise en avant. Nous voulons bien qu’il y ait la mondialisation, mais nous voulons une mondialisation guinéenne, autrement une mondialisation où la Guinée ne se dépouille pas fondamentalement. Pour le reste, ne vous inquiétez pas, ces programmes ne sont pas faits par un groupe de personnes désagrégées, ce sont des équipes de professionnels qui travaillent et qui prennent en compte tous ces aspects.
Le dernier volet de notre entretien se rapporte à la digitalisation. C’est quelque chose qui était cher à vos prédécesseurs. Quelle place la question occupe-t-elle dans votre propre stratégie ?
C’est une préoccupation pour toute personne soucieuse d’un peu d’efficacité. C’était la préoccupation de mes prédécesseurs, c’est la préoccupation du Premier ministre, Amadou Oury Bah. Et c’est une grosse préoccupation de toute l’équipe présidentielle, du Président de la République, le général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, à ses principaux conseillers. Parce que la digitalisation est l’outil qui va permettre en premier de sécuriser les actions que nous posons, et qui aide à éviter les déperditions notamment financières. Ce n’est pas l’éducation seulement qui y voit une opportunité. Vous avez vu qu’il en est question dans le recensement des populations avec le RAVEC, avec le FUGAS au niveau de la Fonction publique et du budget. Il y a également des efforts qui se font au niveau de la douane. Partout, la digitalisation va apporter une valeur ajoutée pécuniaire déjà. Mais en plus, pour nous, au niveau de l’éducation, et ça le Premier ministre aussi est très sensible, la digitalisation nous semble être le meilleur moyen de vite rattraper le gap qu’il y a entre nous et les nations les plus évoluées dans le domaine de l’éducation.
Parce que ce sont des outils qui vont énormément aider les enseignants et qui vont développer l’auto-apprentissage chez les enfants. Si nous maîtrisons cette digitalisation du système éducatif, tout se passera très bien. Il faut simplement éviter les inconvénients de la digitalisation.
Il ne faut pas que ce soit un instrument de contrôle. Il ne faut pas que ce soit un instrument de manipulation. Mais il faut que ce soit un outil à la disposition du système pour diminuer la corruption et résorber le gap de connaissances, parce qu’on peut embarquer tous les enfants, améliorer les conditions de travail et ainsi de suite.
L’éducation, comme tous les autres secteurs de l’État, aujourd’hui, est amenée à se digitaliser. Vous verrez qu’au niveau de la structure même de l’État, au niveau des postes et télécommunications, il y a des structures autonomes qui ont été créées, à savoir notamment l’ANDE, qui vont participer à la mise en place de cette digitalisation.
Vous dites, la digitalisation au service de l’amélioration des conditions de travail. Dans le cas du système éducatif, cela suppose néanmoins de la part des apprenants un accès relativement facile à l’internet et même à l’outil informatique. Est-ce que le projet de digitalisation prend en compte ces dimensions
Vous savez, il faut être quand même observateur. C’est vrai que le changement ou l’inconnu, ça inquiète toujours. Mais qui n’a pas de téléphone aujourd’hui ? Il y en a très peu pour ne dire personne. Pourtant, souvenez-vous, il y a 20 ans, quand on commençait avec les téléphones Motorola ici, beaucoup vous nous disaient, ‘’nous on n’aura jamais la possibilité d’avoir un téléphone portable’’. Aujourd’hui, un téléphone portable, c’est fait pour des enfants, c’est un jouet. Une tablette, un ordinateur aujourd’hui, ce n’est rien. Le coût d’une tablette aujourd’hui, vous savez, c’est peut-être autour de 12 dollars US. Or, ça va être de plus en plus populaire. Les gens y ont accès, souvent même plus rapidement que nous, pouvoir et Etat.
Aujourd’hui, nous avons par exemple un problème avec ces tablettes. Alors que nos élèves sont plus compétents dans la manipulation que nos enseignants. Parce qu’eux, ça fait partie de leur monde. C’est leur génération, ils vivent avec. Ils sont intéressés, ils comprennent le langage. Ils savent parler à la machine, mieux que les anciens enseignants, On a fait des expériences dans plusieurs écoles primaires publiques dans des zones défavorisées. Si vous voyez les résultats, c’est extraordinaire. Les élèves n’ont pas besoin des enseignants pour utiliser, parce que les enseignants, ça ne les intéresse pas trop. Mais eux, ils maîtrisent tout, y compris la réparation. Donc, on n’a pas à avoir peur de ça. Au contraire, si on n’y va pas, nous, ça va nous rejoindre et nous dépasser. Donc, il faut y aller avec. Il faut l’intégrer, il faut l’accepter, il ne faut pas avoir peur, c’est une dépense qui va s’imposer. Donc, ils doivent apprendre à le faire maintenant. C’est comme ceux qui ne veulent pas payer les impôts, en pensant qu’il arrivera un moment où on ne paiera pas d’impôts. Non, il faut apprendre à payer l’impôt, parce que ça fait partie du système. Donc, ces tablettes, ces téléphones et tous ces appareils intelligents, il faut les accepter et aller avec, les accompagner. Aussi, nous ne craignons pas. L’État en est très conscient, les partenaires en sont conscients, bref tout le monde en est conscient et on ira avec.
Propos recueillis par Boubacar Sanso Barry