Tout au contraire des autres pays de l’Afrique de l’ouest en transition, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Guinée fait office de bon élève et entretient d’excellentes relations avec la France et d’autres pays. Même si cette stabilité diplomatique cache une violation des droits de l’homme dans le pays. Dans une interview accordée à Africa Presse Paris en marge du Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques organisée à Conakry, le Premier ministre Amadou Oury Bah a livré la position de la Guinée vis-à -vis de ses partenaires.
Pour le Chef du gouvernement, l’histoire de la Guinée est « tragique et tourmentée ». « Mais la transition actuelle, dès le début, était l’expression d’une volonté de tirer les leçons du passé pour changer positivement. Et cela nous amène, en tant que Guinéens, à assumer de manière décomplexée notre souveraineté, en nous disant que l’objectif essentiel, ce sont les intérêts du pays : le développement économique, une meilleure gouvernance, la recherche de la stabilité, une coopération avec les pays qui comptent – chacun là où il est le plus performant – sans exclusive », a exprimé le Premier ministre. Puis d’ajouter : « notre philosophie fondamentale en matière de coopération internationale, c’est de toujours nous rappeler que nous sommes responsables de notre propre destin ».
De surcroît, pour Bah Oury cet engagement de la Guinée est en droite ligne avec la déclaration du chef de la junte à la tribune des Nations unies appelant ainsi à mettre fin à l’Afrique de Papa. « C’est clair. On change d’époque, on change de paradigmes et de perspectives. Même si ce n’est pas facile, car tout le monde ne prend pas en compte ce processus très profond de changement, mais les gens finiront par se rendre compte qu’un nouveau cap se dessine pour la Guinée et rejaillira je l’espère sur les autres pays africains pour qu’il y ait plus de stabilité et de cohésion entre nous », souligne Bah Oury.
Il y a un processus sociologique majeur, poursuit-il. « Il faut être en phase avec son temps. L’Afrique des années des indépendances, avec tout ce que les sociétés, les situations étatiques, les institutions ont vécu – surtout par rapport à la Guinée – nous amène aujourd’hui à nous projeter dans une nouvelle dimension », indique-t-il.
« Le cycle des indépendances des années soixante change pour un autre cycle que nous voulons co-construire avec un partenariat diversifié et décomplexé pour la recherche du développement économique et du bonheur de nos compatriotes. De ce point de vue, la Guinée pourrait être – comme par le passé – un pays pionnier par rapport aux autres pays du Continent », conclut Bah Oury.
N’Famoussa Siby