Au sujet de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ce vendredi, les regards seront davantage tournés vers Hararé, la capitale zimbabwéenne. En effet, à son tour, la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) voudrait tenter de dire quelque chose de ce conflit manifestement difficile à cerner. Mais les chances sont maigres pour que cette autre rencontre, à la différence de celles qui l’ont procédée, puisse aider à trouver un dénouement à la guerre. Parce que sur le terrain, la rébellion du M23 et ses parrains rwandais s’évertuent à consolider leurs positions. En témoigne la conférence de presse que Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale congolaise et désormais leader de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) a animée hier à Goma. Preuve, s’il en fallait une, que la ville est désormais sous le contrôle de ses nouveaux maîtres. Il s’y ajoute qu’autour de cette guerre rwando-congolaise, c’est l’ensemble de la sous-région qui se déchire. Les échanges peu amènes que les président rwandais et sud-africains ont eus ces dernières quarante-huit heures en sont l’illustration.
On pourrait bien penser que la communauté internationale est préoccupée par la guerre dans l’est de la République démocratique. En tout cas, à en juger par le nombre de sommets qu’il y a eu jusqu’ici autour de ce conflit. Déjà, il y en a eu deux de la part des Nations unies, à New York, un de la part du Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, un autre au Kenya et finalement un autre ce vendredi, dans la capitale zimbabwéenne. Finalement, seul le processus de Luanda piloté par Joao Lourenço semble négligé. Mais la réalité est qu’aucune de ces rencontres n’a fondamentalement n’a réussi à accoucher d’un début de solution à la crise. Il faut dire que pour ce qui est de la rencontre autour du président William Ruto, la partie congolaise n’y croyait. Parce qu’aux yeux de Félix Tshisekedi, le président kenyan n’est pas si neutre. Vu que Naïrobi avait abrité la rencontre ayant débouché sur l’annonce de la création de l’AFC. De même, les Rwandais ne font pas suffisamment confiance au processus de Luanda.
Pour ce qui est du sommet de ce vendredi convoqué par la SADC, on peut toujours déplorer que l’organisation sous-régionale ne se soit pas saisie de cette crise un peu plus tôt. Il aurait mieux fallu intervenir en amont, avant que la situation n’en arrive à son niveau de dégradation actuelle. D’autant que derrière l’unité de façade entre les différents pays, il y a quelques frictions et des divergences manifestes entre certains des pays. Il est notamment clair que l’Afrique du sud n’inspire aucune confiance au Rwanda. Or, on peut supposer que la nation arc-en-ciel qui a perdu 13 hommes dans la guerre doit être remontée contre le Rwanda. Le Malawi qui lui aussi a perdu des hommes, aurait également des raisons d’en vouloir au Rwanda. A l’inverse, le Mozambique qui bénéficie de l’appui de soldats rwandais dans le cadre de sa lutte contre l’insécurité dans sa région de Cabo Delgado, a des marges de manœuvres plutôt limitées face à Kigali.
Autant de failles qui ne pourraient pas faciliter la tâche à l’organisation régionale. Bien sûr, il n’est pas acceptable que face à ce qui se joue en RDC, elle croise les bras comme si de rien n’était. Mais l’on se rend compte que les intérêts et les enjeux des uns et des autres sont si divergents que cela risque d’être tout simplement une rencontre de plus. Autrement, un sommet dont la seule finalité sera qu’il se soit réuni. Pour ce qui est du dénouement de la crise en RD Congo, il faudra encore attendre.
Thierno Amadou Diallo
