Ce lundi 10 février 2025, la Cour des infractions économiques et financières a continué d’examiner l’affaire du Dr Ibrahima Kourouma et de Mohamed V Sankhon. Suite à l’audition du Dr Ibrahima Kourouma, c’est autour du prévenu Mohamed V Sankhon de se présenter devant la cour de jugement de la CRIEF pour livrer son témoignage.
Face au tribunal, l’accusé a catégoriquement rejeté toutes les accusations de détournement de fonds publics et d’enrichissement illicite portées contre lui.
« Je n’ai jamais travaillé avec le ministre Ibrahima Kourouma ; c’est dans la salle ici qu’on s’est rencontré physiquement, je le voyais seulement à la télévision. J’ai été nommé là-bas le 2 juin 2020, et cela veut dire que j’ai trouvé que le budget était déjà alloué parce que cela se fait au mois de janvier, et j’ai quitté au mois d’avril 2022. Moi, j’ai été affecté au ministère de l’Énergie en tant que DAF la même année, et donc je n’ai aucune possibilité d’occuper deux fonctions à la fois ; comme je vous le disais, je ne le connais pas », a-t-il déclaré.
À ce propos, le ministère public a rappelé à la cour qu’effectivement Mohamed V Sankhon n’était pas DAF au temps d’Ibrahima Kourouma.
Par ailleurs, le prévenu a indiqué ne pas être associé de près ou de loin au détournement de 600 milliards de GNF dans lequel il est cité. « On m’a accusé d’une somme de 12 millions de dollars. Où est-ce que je vais prendre ça ? Je n’étais même pas au département à l’époque. Les 600 et quelques milliards, où est-ce que je vais les prendre ? Je n’étais même pas là-bas. On ternit notre image et celle de nos familles… Un bon inspecteur, quand tu vas dans un département, tu regardes la forme de l’exécution, la dépense d’abord. Et après ça, tu regardes le fond. Est-ce que les travaux ont été réalisés ? Est-ce que le service a été fait ? Mais tel n’a pas été le cas. Ils viennent, ils ramassent les données à la chaîne de dépenses, comme ça on dit : bon, il faut justifier ça, mais ce n’est pas ça l’inspection. Il faut qu’il y ait un peu de sérieux dans ce qu’on fait. On joue avec la carrière des gens. Mais vous nous foutez au pilori, ce n’est pas normal », a-t-il dénoncé.
Après plusieurs heures, la partie civile a ordonné à la cour de procéder à la demande d’identification des biens des prévenus afin qu’ils puissent les justifier. Une sollicitation à laquelle la défense s’y est opposée.
Par ailleurs, le juge Yacouba Conté a ordonné la comparution des inspecteurs ayant établis le rapport portant investigation sur l’exécution des budgets du ministère de l’Enseignement préuniversitaire et de l’Alphabétisation de la période de 2011 à 2021 et a en outre ordonné à la conservation foncière et à la DATU de procéder à l’identification des biens immeubles appartenant aux prévenus Ibrahima Kourouma et Mohamed V Sankhon ainsi que des biens immeubles appartenant à leurs épouses et enfants. Il a ensuite renvoyé l’affaire au 26 février 2025 pour la suite des débats.
Aminata Camara