Malgré des défis considérables freinant le développement local, deux initiatives majeures continuent de jouer un rôle déterminant dans l’accompagnement des collectivités territoriales guinéennes. Il s’agit du Projet d’appui à l’agence nationale de financement des collectivités locales (PANAFIC), financé par l’Agence française de développement (AFD), et du Projet d’appui à la gouvernance locale – Phase 2 (PAGL2), soutenu financièrement par la Banque mondiale à hauteur de 80 millions de dollars américains.
Ces deux projets étaient au centre de la première session ordinaire du comité de pilotage, qui s’est tenue les 8 et 9 avril 2025 à Conakry, sous l’égide de l’Agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC). L’objectif de cette session était de valider les documents de planification devant encadrer la mise en œuvre des activités pour l’exercice 2025.
Dans son discours d’ouverture, Mohamed Sikhé Camara, Secrétaire général du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, a salué l’importance de cette session et l’engagement des parties prenantes, dont la présence témoigne de leur volonté de contribuer au succès des projets. Il a déclaré : « Ce comité est un moment de bilan, mais aussi de projection. Il permet d’identifier ce qui a fonctionné, ce qui doit être amélioré, et comment mieux accompagner les collectivités dans leurs missions. Nous continuerons à visiter les infrastructures réalisées pour les évaluer et garantir leur impact ».
De son côté, le Directeur général de l’ANAFIC, Sékou M’Mawa Touré, a détaillé l’articulation de cette première session, organisée en deux volets distincts. « Cette session vise à valider non seulement notre rapport d’activités 2024, mais aussi notre programme de travail et notre budget pour 2025. Cette année, nous disposons d’un budget de 25 millions de dollars pour le PAGL2 et de 2 millions d’euros pour le PANAFIC, soit près de 25 milliards de francs guinéens. Ces ressources doivent avoir un impact réel sur les conditions de vie des populations locales », dit-il.
Dans la continuité de son intervention, Sékou M’Mawa Touré a insisté sur la nécessité d’une mobilisation accrue des ressources financières. Il a souligné l’importance de l’identification et de l’obtention de financements auprès des institutions partenaires, afin de les allouer directement aux collectivités territoriales. « La décentralisation repose sur trois principes : la subsidiarité, la redevabilité et la libre administration. Pour que les collectivités puissent jouer pleinement leur rôle, il est essentiel de les rendre compétentes et autonomes. La décentralisation n’est pas un acquis, c’est un combat permanent. Nous devons arracher chaque compétence, chaque ressource qui revient aux collectivités pour leur permettre de mener leurs actions de développement », souligne-t-il.
Durant ces deux journées, les participants — notamment les représentants du gouvernement, les partenaires techniques et financiers, les élus locaux et les membres de la société civile — ont formulé plusieurs recommandations, telles que l’association de l’Agence guinéenne d’évaluation environnementale aux projets immobiliers de l’ANAFIC.
Dans le même sens, Hadja Adama Sow, représentante de l’Association des parents d’élèves et amis de l’école a insisté sur le fait que l’efficacité de ces projets dépendra d’une application rigoureuse et méthodique des recommandations formulées par les parties prenantes. « Il est crucial que toutes les décisions validées ici soient réellement mises en œuvre. Et surtout, que l’on organise une deuxième session avant décembre, pour faire le point sur les réalisations, les défis et les retards. Avant même la rédaction des rapports, des missions conjointes de terrain doivent être organisées pour observer les avancées, évaluer les obstacles et ajuster les interventions en temps réel », indique-t-elle.
Il convient de noter que cette session a inclus des visites de terrain à Wonkifong et Mafereinyah, offrant ainsi aux membres du comité de pilotage l’opportunité d’observer l’opérationnalisation des mécanismes d’engagement citoyen, tels que la budgétisation participative, la gestion des réclamations, le suivi-évaluation participatif et les systèmes d’alerte précoce. Ces mécanismes sont perçus comme des instruments cruciaux pour promouvoir une gestion publique locale plus redevable et transparente.
Binty Ahmed Touré