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Djanii Alfa : « Nous sommes gouvernés par la force des armes et non…»

De son vrai nom Alpha Midiaou Bah, Djanii Alfa, rappeur et figure emblématique de la lutte citoyenne en Guinée, a toujours utilisé sa voix pour défendre les opprimés et dénoncer les injustices. Autrefois figure marquante du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Djanii Alfa est connu pour son engagement contre les dérives politiques en Guinée. Depuis l’étranger (France) où il vit désormais, l’artiste observe de loin la Guinée, son pays. Dans cette interview accordée à notre rédaction, il revient sur la disparition forcée de ses camarades Foniké Menguè et Billo Bah, son analyse du climat sociopolitique guinéen et son appel à un sursaut patriotique pour sauver la nation.

Lisez plutôt !

Ledjely.com :  Il y a six mois exactement depuis la disparition de Foniké Menguè et Billo Bah, tout d’abord, pensez-vous qu’ils sont en vie ?

Djanii Alfa : Ce qu’il faut d’abord préciser, c’est qu’il ne s’agit pas d’une simple disparition, mais d’une disparition forcée, car ils ont été enlevés et il y a des témoins qui confirment cela. Maintenant, après 6 mois de leur enlèvement par des éléments des forces spéciales et de la gendarmerie, il est légitime aujourd’hui de s’interroger sur le sort qui leur a été réservé. Vivent-ils toujours ou sont-ils toujours séquestrés par la junte ? Cette question, il n’y a que leurs ravisseurs qui peuvent y répondre sans ambiguïté.

Le parquet et le gouvernement ont annoncé qu’ils ne connaissaient pas l’endroit où ces deux personnes pouvaient se trouver. Et même le ministre porte-parole du gouvernement a affirmé « tout le monde a le droit de disparaître ». Comment analysez-vous cette situation ?

Tous les deux ont été irresponsables dans leur réaction face à la situation de ces patriotes que sont Foniké et Billo. Pire, le ministre de la Justice a dit tout récemment, en répondant à la question d’un journaliste sur le sort de Foniké et Billo, que ce sont des bandits habillés en tenues militaires qui sont responsables de leur enlèvement. Cette affirmation confirme les témoignages déjà faits par les personnes présentes au moment des faits, mais également celui de Mohamed Cissé, rescapé de ce banditisme d’État.

Si le ministre de la Justice conclut ainsi l’enquête annoncée – si tant est qu’il y en ait eu, car, à ma connaissance, aucun témoin n’a été interrogé – nous devons aussi conclure que, pour leur propre sécurité, les Guinéens devraient considérer tout homme en treillis comme un éventuel bandit.

Que représente, personnellement pour vous, cette longue absence de ces deux acteurs ?

Il est très difficile de vivre l’absence d’êtres chers, surtout quand ce sont des camarades avec lesquels nous avons mené le combat patriotique et citoyen pour libérer notre chère patrie des mains des autocrates. La douleur est là, et j’apprends à la contenir.

Aujourd’hui, quel appel lancez-vous pour la libération des deux figures du FNDC ? Si vous pensez bien sûr qu’ils sont en vie ?

Les responsables de leur enlèvement sont connus de tous, qu’ils assument. Ils doivent les libérer morts ou vivants, parce que ce sont eux qui les détiennent. N’oublions pas qu’il y a déjà trop de dignes fils de ce pays perdus à tout jamais dans des fosses communes.

Il est impossible de vivre en paix dans un pays où les morts ne reposent pas en paix, surtout quand ces morts sont des victimes de l’injustice et de la cruauté d’un État sanguinaire.

Le pays traverse une crise sociopolitique. De loin, quel regard portez-vous sur la situation du pays ?

Tout le monde voit que la situation sociopolitique est explosive en Guinée, car nous ne sommes pas dirigés, mais commandés. Nous sommes gouvernés par la force des armes et non par la force des arguments.

Regardez le nombre d’engins militaires et d’armes en circulation dans nos villes, des images dignes d’un pays en guerre. Les erreurs du passé sont plus que jamais à l’ordre du jour, nous naviguons dans des eaux troubles, car la justice, qui était censée être la boussole, s’est cassée dès le départ.

Espérons juste qu’un sursaut patriotique de toutes et tous nous sauvera du pire. Pour ma part, je reste convaincu d’une chose : c’est que la Guinée nous survivra à tous. Maintenant, la question est de savoir dans quel état nous allons laisser la patrie pour les générations futures.

Thierno Amadou Diallo

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