L’effervescence de la marche de la paix s’est à peine dissipée que la ville de Boké renoue déjà avec une vieille habitude : les ordures à ciel ouvert. À peine quelques jours après l’événement organisé par l’Union pour le développement de Kakandé en collaboration avec les autorités locales, les rues de la commune urbaine sont à nouveau envahies par les déchets. Une scène qui indigne de nombreux citoyens.
Ce mercredi matin, dans plusieurs quartiers de Boké, l’ambiance contraste fortement avec celle de la veille. Là où les rues avaient été briquées à blanc pour accueillir la marche, s’étalent désormais sacs en plastique, épluchures et débris de toute sorte. Pour Nema Doré, habitante du centre-ville, ce retour rapide à l’insalubrité est un symbole d’hypocrisie.
« Lors des préparatifs pour la marche blanche, tout le monde était motivé pour nettoyer la ville. Mais maintenant que l’objectif est atteint, regardez : les saletés sont de retour. C’est décevant », déplore-t-elle, visiblement agacée.
Un peu plus loin, à la place des Martyrs, Mamadou Malal Koulibaly ne cache pas sa frustration. Pour lui, l’entretien de la ville ne devrait pas être un effort ponctuel, mais une politique constante.
« Toute initiative de l’État devrait être pérennisée. Avant la marche, les gens étaient mobilisés, motivés. Aujourd’hui, on a l’impression que Boké est à nouveau livrée à elle-même. C’est ça qui fait mal », confie-t-il.
Le décor parle de lui-même : caniveaux bouchés, déchets jetés en bordure de route, et odeurs nauséabondes flottant dans l’air chaud de l’après-midi. Un autre citoyen rencontré sur place appelle les autorités à faire preuve de responsabilité.
« Je lance un appel aux autorités locales. Il faut qu’ils mettent un dispositif permanent en place pour que la ville reste propre, pas seulement lors des grands événements », insiste-t-il.
Pour plusieurs observateurs, la situation actuelle est une occasion manquée. L’élan de propreté déclenché par la Marche de la Paix aurait pu être le point de départ d’une véritable dynamique d’assainissement durable. Ils suggèrent d’établir un calendrier régulier de nettoyage et d’impliquer davantage les citoyens dans l’entretien de leur cadre de vie.
Car si la paix a marché dans les rues de Boké hier, ce matin, c’est bien l’insalubrité qui semble avoir repris ses droits.
Mamadou Bah, depuis Boké