Une audience reportée, des tensions palpables, mais une sortie digne d’un triomphe populaire. Le procès en appel d’Aliou Bah, leader du parti MoDeL, n’a pas eu lieu comme prévu ce mercredi. Faute de conditions acceptables selon la défense, l’audience a été renvoyée au mardi 22 avril. Pourtant, c’est l’image d’un homme acclamé par une foule en liesse qui aura marqué cette journée tendue.
La matinée avait pourtant commencé sous le signe du désordre. Dans une atmosphère électrique, les avocats de la défense ont boycotté l’audience, dénonçant un huis clos déguisé et l’exclusion systématique des journalistes, militants et proches de l’accusé. Très tôt, la salle d’audience avait été remplie par des individus dont l’identité reste floue. Une situation que la défense qualifie de « manœuvre orchestrée » pour étouffer la transparence du procès.
Mais l’après-midi a offert un tout autre décor. Escorté par un impressionnant dispositif, Aliou Bah a quitté la cour d’appel sous les vivats d’une foule compacte, massée depuis l’aube devant les grilles du tribunal. « Prési ! Prési ! », scandait la foule, les bras levés, brandissant banderoles et pancartes à son effigie. Le cortège avançait lentement, protégé par une sécurité dense, mais porté par une ferveur populaire rare.
Pour les partisans d’Aliou Bah, ce report d’audience est loin d’être une défaite. Il sonne plutôt comme un appel à la mobilisation.
« Ce n’est que partie remise. Le 22, on sera encore plus nombreux », promet un militant, le regard braqué sur le cortège, les yeux brillants d’enthousiasme.
Derrière les murs du tribunal, c’est un climat de défiance qui s’installe. Entre soupçons d’instrumentalisation judiciaire et mobilisation croissante autour de l’opposant, le procès d’Aliou Bah prend des allures de bras de fer politique.
Thierno Amadou Diallo