Ce mardi 22 avril 2025, la Centrale Thermique de Tombo est restée étonnamment silencieuse. Pas en raison d’un problème technique, mais parce que ceux qui assurent son bon fonctionnement au quotidien, les prestataires, ont décidé de poser leurs outils et de faire entendre leur voix.
Rassemblés devant les locaux de la Centrale, pancartes en main et visages fatigués mais déterminés, ces travailleurs dénoncent une situation qu’ils jugent profondément injuste. Bien que ce type de mobilisation ne soit pas inédit, cette fois-ci, leur patience semble avoir atteint ses limites.
Depuis plusieurs années, certains prestataires dénoncent un manque de reconnaissance de leur engagement. «On travaille ici depuis 10, 12, parfois 14 ans. On a tout donné pour faire tourner la Centrale, souvent dans des conditions difficiles», confie l’un d’eux. Ils réclament aujourd’hui des droits fondamentaux : un emploi stable, une prise en compte de leur ancienneté et un traitement plus équitable.
Le déclencheur de cette grève : un récent processus de recrutement, qu’ils estiment entaché de favoritisme. Selon les manifestants, la procédure d’embauche manquait de transparence, et certains candidats auraient été favorisés en raison de leurs liens avec la direction. «Ce n’est pas normal. Nous avons l’expérience, mais on préfère recruter des novices parce qu’ils connaissent quelqu’un là-haut», déclare une manifestante, visiblement en colère.
Leur rémunération est également un point de tension. Sur les 3 600 000 francs guinéens promis, seulement la moitié leur aurait été versée, l’autre part étant retenue par la direction et un cabinet partenaire, affirment-ils.
N’ayant pas obtenu d’audience avec le Directeur général, les prestataires ont décidé de porter leurs revendications ailleurs : au Ministère de l’Énergie. «On veut juste être écoutés. C’est notre droit. Nous voulons être intégrés à Électricité de Guinée, comme il se doit», explique un autre travailleur.
Du côté de la direction, c’est pour l’instant silence radio. Un cadre, s’exprimant sous couvert d’anonymat, assure néanmoins que le processus de recrutement s’est déroulé dans les règles et que les candidats non retenus n’ont pas satisfait aux critères requis.
Lamine Camara