Du 7 au 9 juin dernier, la commune urbaine de Kankan a vibré au rythme envoûtant de la danse traditionnelle Mamaya. Cette 85e édition a rassemblé plus de 40 000 participants venus des quatre coins du monde, selon les organisateurs. De nombreuses personnalités ont honoré l’événement de leur présence, notamment d’anciens Premiers ministres, des membres du gouvernement et plusieurs cadres du pays. Parmi eux, Kabiné Komara, ancien chef du gouvernement et natif de la ville, qui n’a pas manqué d’exprimer sa fierté, mais aussi de formuler des propositions pour renforcer le rayonnement de cette fête culturelle.
La participation du général Mamadi Doumbouya, qui a esquissé quelques pas de danse devant une foule en liesse, a marqué les esprits. Présent depuis plusieurs années à cette cérémonie, Kabiné Komara affirme son attachement indéfectible à la culture guinéenne.
Dans un entretien exclusif accordé à Ledjely.com, il a livré des idées pour faire de la Mamaya un événement d’envergure internationale.
« Je reviens de Bamako où de nombreux amis maliens et d’autres nationalités m’ont confié leur envie de découvrir la Mamaya de Kankan. Son aura dépasse désormais les frontières. Mais pour attirer davantage de visiteurs, il faut poser des actes concrets », a-t-il declaré.
Parmi ses propositions phares : l’accélération des travaux de l’aéroport international, la modernisation des structures de santé – notamment en complément du centre de diagnostic récemment inauguré – et le renforcement des capacités d’hébergement.
« Il faut créer des hôtels de différents standings, encourager l’ouverture de restaurants mettant en valeur la gastronomie locale, booster l’agriculture, l’élevage, mais aussi l’artisanat », a-t-il souligné.
L’ancien Premier ministre suggère aussi un travail de branding autour de la Mamaya. « Il serait pertinent de produire des objets souvenirs – gadgets, accessoires utilitaires – portant l’emblème de la Mamaya, vendus dans toute la ville. Ces ventes pourraient financer des projets éducatifs, culturels ou d’infrastructure », a-t-il indiqué.
Kabiné Komara envisage de rencontrer la génération « Dandiya N°4 », en charge de l’organisation depuis trois ans.
« Je souhaite échanger avec eux dans une dynamique constructive. Ce sont des jeunes ouverts, innovants, et je suis convaincu que nous pourrons ensemble faire évoluer positivement la Mamaya », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, Kabiné Komara joue un rôle actif dans la médiation de conflits à Kankan. Il a récemment contribué à l’apaisement d’une crise ayant opposé le Grand Imam de la ville aux sages locaux. Sans entrer dans les détails, il confie : « J’ai pour principe que lorsqu’on peut contribuer à rétablir l’harmonie, on ne doit pas rester inactif. La cohésion sociale bénéficie à tous. En tant que membre du conseil d’administration de la Fondation internationale Les Leaders de la Paix, j’interviens dans plusieurs pays. Comment rester indifférent face à des tensions dans ma propre ville natale ? ».
« Grâce à ces efforts conjoints, les incompréhensions autour du Grand Imam – une figure spirituelle majeure – ont été aplanies. Dieu merci, cet épisode est désormais derrière nous. Kankan peut de nouveau respirer dans la fraternité retrouvée », a-t-il conclu.
Michel Yaradouno, depuis Kankan