Activiste investie dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, mais également engagée pour l’émancipation féminine, Kadiatou Konaté, ancienne coordinatrice du Club des jeunes filles leaders de Guinée, se lance dans l’écriture. Ce samedi 26 juillet 2025, elle a présenté son tout premier ouvrage intitulé « Les Mères de la Liberté », publié aux éditions L’Harmattan Guinée. La cérémonie de dédicace, organisée sous une pluie battante, s’est tenue au Centre culturel franco-guinéen en présence de parents, collaborateurs, personnalités ressources, notamment d’anciennes ministres, du représentant de l’UNFPA en Guinée, et de la première vice-présidente du Conseil national de la transition.
Selon l’auteure, ce livre de 134 pages rend hommage aux femmes guinéennes, en particulier à celles qui ont milité aux côtés des hommes pour arracher l’indépendance du pays.
« Mais en réalité, pas seulement elles. Il parle aussi des femmes qui, aujourd’hui encore, participent à la construction de notre cher pays, la Guinée. Trop souvent, dans l’imaginaire collectif, la femme est cantonnée à la cuisine. Nous voulons rappeler que les femmes ont toujours été là. Elles ont participé à l’édification de la nation », a souligné Kadiatou Konaté.
Pour elle, « Les Mères de la Liberté» est une œuvre militante, un acte de mémoire.
« C’est une position militante. L’histoire de la Guinée a été écrite par des hommes et pour les hommes. Il est temps que nous, les femmes, nous nous y retrouvions. Il est dommage qu’il n’existe presque aucune ressource sur ce que les femmes ont fait ou continuent de faire. Une histoire non écrite est une histoire vouée à disparaître de la mémoire collective », a-t-elle déclaré.
L’ouvrage est structuré en cinq chapitres, explique l’auteure : « Le premier propose une analyse critique de la condition féminine de l’époque coloniale à nos jours. Le deuxième présente des figures féminines emblématiques. Le troisième met en lumière des femmes oubliées à travers une cartographie de leurs actions dans les régions et préfectures. Le quatrième aborde le rôle des femmes actuelles dans la construction nationale ».
Sansy Kaba Diakité, directeur général des éditions L’Harmattan Guinée, a salué le travail de l’auteure.
« Je suis très heureux de féliciter Kadiatou Konaté. Elle a réalisé un travail de recherche remarquable pour raconter une histoire souvent négligée. Une histoire oubliée est une histoire inexistante. Ce livre est une preuve que les femmes ont porté la révolution aux côtés des hommes. À toutes les femmes présentes, je dis : vous pouvez nous faire confiance. Venez avec vos manuscrits, nous vous accompagnerons », a-t-il salué.
Hadja Maimouna Yombouno, première vice-présidente du Conseil national de la transition, a pour sa part salué le courage et la détermination de l’auteure.
En clair, la lutte pour l’indépendance de la Guinée a été marquée par le courage des femmes, souvent invisibilisées dans l’histoire officielle. Si des figures comme Mafory Bangoura ou Jeanne Martin Cissé émergent, de nombreuses autres militantes restent dans l’ombre, malgré leur rôle crucial dans les réseaux clandestins, les mobilisations, et les boycotts des produits coloniaux.
Avec « Les Mères de la Liberté », Kadiatou Konaté signe un acte de résistance. Entre archives et témoignages, elle redonne une voix à ces héroïnes méconnues : vendeuses de marché, militantes de l’ombre qui ont porté la révolution sur leurs épaules.
Ce livre s’adresse aux générations futures, pour leur rappeler que l’héroïsme se conjugue aussi au féminin, et que sans ces femmes, la lutte aurait manqué de souffle.
N’Famoussa Siby