Dans la soirée du lundi 4 août dernier, le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a convoqué, par décret rendu public à la télévision nationale, le corps électoral guinéen pour le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain. Cette décision a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique guinéenne. Joint par téléphone par notre rédaction, Abdoulaye Kourouma, président du parti Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RDD), estime que cette convocation s’inscrit dans un délai légal et raisonnable.
« Pour moi, il n’y a pas de débat à ce sujet. Selon la loi, le décret est dans le délai réduit pour convoquer le corps électoral. Nous attendons désormais la publication du décret portant ouverture de la campagne électorale pour nous prononcer officiellement. Pour l’instant, nous sommes dans la phase de vulgarisation », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, il a tenu à faire le point sur la campagne de vulgarisation en cours.
« La vulgarisation consiste à expliquer le contenu du projet de Constitution à la population, dans toutes les langues du pays. Si les citoyens comprennent vraiment ce qu’elle contient, chacun pourra se prononcer en toute conscience. Ce qui nous inquiète aujourd’hui, c’est que la population pourrait voter sans comprendre les enjeux du texte. Or, chacun doit savoir ce qu’il va voter », a-t-il alerté.
Poursuivant, le président du RDD déplore l’attitude de certains responsables étatiques. « Je suis surpris de constater que les ministres, les cadres et même l’État semblent plus engagés dans une campagne électorale que dans la vulgarisation. Pourtant, il existe des canaux comme vous, les médias. On aurait pu synchroniser les radios, organiser des débats explicatifs et passer en revue les 192 articles, dans toutes les langues nationales », a-t-il regretté.
« Le Premier ministre ne communique pas sur la méthode. Le ministre de l’Administration du territoire, les acteurs sociopolitiques, les enseignants, les étudiants en droit devraient être associés à cet effort d’explication. Mais ce n’est pas le cas », a-t-il souligné.
Abdoulaye Kourouma s’est également prononcé sur le contenu du projet de Constitution, après l’avoir étudié avec son équipe.
« Il y a une semaine, nous avons tenu une réunion avec nos juristes pour examiner le texte article par article. Une remarque importante : chaque page de la Constitution devrait porter le cachet du ministre de la Justice, afin d’éviter toute modification ultérieure, comme ce fut le cas en 2020. J’en suis témoin oculaire. Ce qui a été promulgué n’était pas conforme à ce que le peuple avait voté. Vingt-sept articles avaient été modifiés dans la version finale », a-t-il rappelé.
« Il aurait fallu apposer le sceau du ministre de la Justice sur chaque page du projet pour garantir son authenticité. Nous, acteurs politiques, attendons le début officiel de la campagne pour adopter une position claire, en fonction de l’analyse de nos juristes et conseillers », a-t-il conclu.
Aminata Camara