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L’Union africaine à l’épreuve de la transition tchadienne

Finalement, c’est ce mardi 11 mai que l’Union africaine, l’instance panafricaine va se pencher sur la transition qui se joue au Tchad. En clair, elle devra trancher la question de la sanction ou non du pays du défunt Idriss Deby Itno. Même si en réalité, on sait déjà que le camp favorable à une « indulgence » exceptionnelle à l’égard de la junte du Conseil militaire de transition (CMT) est partie pour l’emporter. Ceci étant, d’autres dirigeants du continent mettent en garde contre le précédent que constituerait alors cette violation des principes de l’institution. Un précédent mais aussi une attitude de deux poids deux mesures que d’autres n’hésiteront pas d’opposer à l’UA quand cela les arrangera. En somme, l’Union africaine, à travers la session qui l’attend ce mardi autour de la crise tchadienne, pourrait tout simplement décider de son avenir. D’où l’impératif d’y aller avec responsabilité, pour ne pas mettre en péril les maigres acquis qu’on peut mettre au crédit d’une organisation qui n’est déjà pas une référence.

L’exception tchadienne…

En réalité, l’Union africaine a fait déjà montre d’une certaine mansuétude exceptionnelle à l’égard du Tchad. En effet, en août dernier, les sanctions de l’institution à l’encontre de la junte malienne avaient précédé la mission déployée sur le terrain. Le principe était “on sanctionne d’abord, on négocie ensuite“. Mais dans le cas du Tchad, l’hypothèse même de la sanction est très peu probable. D’autant que le rapport des émissaires s’étant rendus à N’diamena depuis la disparition surprise d’Idriss Deby, recommande lui-même une dérogation. Au titre des motifs mis en avant pour justifier cette exception, on met encore en avant le rôle du Tchad jugé crucial dans la lutte contre le djihadisme dans le Sahel. Manifestement, on redoute qu’en guise de riposte aux sanctions qui pourraient lui être infligées, la junte ne rappelle les troupes déjà sur le terrain.

Le soutien de la France très déterminant

Mais sont-ce les véritables raisons de cette indulgence singulière à l’égard du général Mahamat Idriss Deby Itno et des 14 généraux qui l’entourent ? Pas sûr ! Ne serait-ce pas plutôt la conséquence du soutien ouvert que la France apporte déjà aux autorités de la transition à N’diamena ? Il est en effet de notoriété publique que quand Emmanuel Macron fait son choix, bien de dirigeants du continent ont tendance à s’aligner. Ce suivisme étant particulièrement renforcé dans le cas présent par le rôle proéminent de la France dans la traque des islamistes dans la région sahélienne. Bien sûr, on peut imaginer que les putschistes tchadiens puissent compter sur des chefs d’Etat avec lesquels feu le maréchal-président avait des relations particulières. Nous pensons en particulier au Congolais Denis Sassou Nguesso et au Guinéen Alpha Condé. Deux dirigeants que l’on présente comme influents et ayant des réseaux. Pour autant, cela n’enlève rien au fait que les promoteurs de l’exception tchadienne sont essentiellement des pays ayant en commun la langue française.

L’Afrique australe tenant du langage de la fermeté

En face, apprend-on, des pays de l’Afrique australe invitent à s’en tenir aux principes et à voter comme il se doit des sanctions à l’encontre du pouvoir au Tchad. Des pays attachés à l’application rigoureuse et impersonnelle des règles, au nombre desquels on cite le Bostwana, la Namibie et le Zimbabwe. Ceux-là trouvent qu’au-delà de l’impératif de l’application formelle des principes, un langage de fermeté à l’égard des autorités de la transition au Tchad servirait de pression pouvant aider à prévenir certains dérapages comme la répression qui commence s’abattre sur les militants pro-démocratie. A l’inverse, disent les tenants de cette seconde position, si la junte a conscience qu’elle a un moyen de pression sur l’Union africaine, elle risque bien de s’en servir pour davantage museler l’opposition et la société civile qui se battent pour le raccordement du Tchad à la locomotive de la démocratie et des droits humains. Mais ces arguments pourraient ne pas suffire pour convaincre l’instance africaine de l’adoption de sanctions contre le Tchad. Quoi que cela puisse coûter par ailleurs à l’institution en termes de crédibilité et d’image.

Boubacar Sanso BARRY

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