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HISSÈNE HABRÉ : quand Kabiné Komara dresse les enseignements qu’il faut en tirer…

Beaucoup d’observateurs ont réagi depuis la mort, le 24 août 2021 des suites de Covid-19, de l’ex chef d’État tchadien Hissène Habré, à l’âge de 79 ans à Dakar où il purgeait sa peine de prison à vie pour crimes contre l’humanité. Et des témoignages des uns et des autres, on retient essentiellement que le défunt laisse une image contrastée. Perçu tantôt comme un dictateur, tantôt comme un chef de guerre qui a su préserver l’intégrité du territoire tchadien face aux visées expansionnistes d’un certain Mouammar Kadhafi, Hissène Habré doit inspirer d’autres dirigeants du continent. C’est en tout cas ce que suggère l’ancien premier ministre guinéen, Kabiné Komara. Pendant qu’on est aux affaires, il faut savoir rester lucide et demeurer en phase avec les intérêts de son pays et de ses compatriotes.

Mais c’est avant tout en bon croyant que Kabiné Komara réagit à la mort de Hissène Habré. Ainsi, il dit témoigner sa compassion à la famille du défunt. Mais au-delà, il est de ceux qui pensent que l’ancien dirigeant tchadien « était un personnage contrasté ». Au-delà du fait que celui ci était arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, Kabiné Komara estime que sa « façon de gérer le pays pendant 8 ans laisse vraiment à réfléchir sur la manière dont nous devons présider aux destinées de nos Etats »

Du travail des Chambres Africaines Extraordinaires qui, en 2016, avait abouti à la condamnation de Hissène Habré à perpétuité pour crimes contre l’humanité, Kabiné Komara est appréciatif. C’était en effet la première fois que l’Afrique elle-même jugeait un ancien président sur le continent. Un motif de « fierté » pour l’ancien Haut-commissaire de l’OMVS. « L’Afrique ne l’a pas jugé par ses propres moyens mais par sa propre volonté(…) Il est surtout important de noter que le continent africain s’est mobilisé afin que l’Union africaine coordonne , avec les Ong de defense des droits de l’homme , les mécanismes pour juger un ancien Chef d’État », souligne l’ancien collaborateur de Dadis, pour mettre en exergue la volonté politique qui a sous-tendu la conduite du dossier judiciaire de l’ancien président du Tchad.

Ceci étant, Kabiné Komara reconnait que la gestion d’un Etat est quelque chose de « complexe ». Ainsi, il admet que « Hissène Habré était un chef de guerre qui s’est par la suite mué en chef d’Etat ». Mais à ses yeux, « dans la gestion de nos Etats, le plus important c’est d’être vertueux. C’est de toujours s’astreindre à défendre intrinsèquement les intérêts de votre pays ».

S’agissant des crimes reprochés à Hissène Habré, Kabiné Komara préfère ne pas isoler le cas de l’ancien président du Tchad. Pour lui, celui-ci incarne d’une certaine façon beaucoup de dirigeants africains. « Ils démarrent souvent avec beaucoup de bonnes intentions et de promesses. Au cours de leur évolution, malheureusement , très souvent, ils s’écartent de la ligne qui est de servir le peuple qui les applaudissait quand ils arrivaient au pouvoir ». Quand on a la lourde responsabilité de se retrouver à la tête de son pays, de manière extraordinaire ou régulière, Komara conseille que l’on s’impose la « conduite qui est dans l’intérêt absolu de votre peuple dans toutes ses composantes ». En tout état de cause, « tous nos dirigeants, sans exception et à quelque niveau que ce soit, doivent savoir que leur légitimité ne vient que du peuple et ce qui sera retenu d’eux, c’est de savoir s’ils ont été constamment fidèles aux légitimes aspirations de ce peuple », prodigue-t-il

L’ivresse du pouvoir

La faute de Hissène Habré aux yeux de l’ancien PM est de s’être laissé posséder par « l’ivresse du pouvoir » ,une sorte de drogue qui amène, selon M. Komara, à se considérer comme l’unique décideur, au point de se voir aujourd’hui reprocher toutes les victimes qui demandent à être indemnisées. Or, justement, pour l’ancien premier ministre, cette question d’indemnisation s’apparente aujourd’hui à un problème sans solution. « Un jugement a été réalisé mais il a été demandé à l’Union africaine de créer un compte de compensation des victimes ». Mais, dit-il, aucun kopek n’a jusqu’ici été versé dans ledit compte. Et d’ailleurs, à propos, il se pose un certain nombre de questions : « Qui va les payer ? Comment et dans quel délai ? Ça c’est un autre problème », insiste-t-il. Et le problème est d’autant plus épineux qu’à ses yeux, les « victimes (ne vont pas) se contenter de la mort de Hissène Habré sans demander qu’on saisisse ses biens ». Seulement, demande-t-il : « Est-ce que ces biens sont répertoriés et au nom de qui ? »

Aliou Nasterlin

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