Derrière la prétendue éducation au nom de laquelle nous confions nos enfants à nos proches, il se cache souvent des abus innommables. C’est en tout cas ce qui s’est passé pour Mariam C. 9 ans, 2ème d’une fratrie de 5 cinq enfants. Son père, un vieux pêcheur polygame, depuis sa bourgade perdue quelque part dans la préfecture de Dabola, peine à joindre les deux bouts. Il sollicite alors d’une parente vivant à Conakry que celle-ci prenne en charge Mariam. C’est ainsi qu’en septembre dernier, la petite fille débarque à Conakry pour la première fois de sa vie. Elle rejoint sa tutrice, dans le quartier Taouyah, dans la commune de Ratoma. Sa tutrice, une mère de famille dans la soixantaine, est vendeuse dans une boutique d’alimentation, à Lambanyi. Très vite, la fille se retrouve dans le statut de femme de ménage à qui échoient la vaisselle et la lessive, entre autres. Madame ne rentrant qu’au-delà du crépuscule, Mariam veille seule à la maison pendant toute la journée. L’époux de sa tutrice, rendu paralytique depuis des années par une maladie, demeurant immobile.
L’alerte
Il y a quelques semaines, la dame a remarqué que Mariam maigrissait et avait des attitudes ‘’bizarres’’. « Mon mari m’a dit qu’elle disparaissait des heures pendant la journée, refusait de manger et avait toujours de l’argent », se souvient la tutrice, qui reconnait avoir pris ces propos à la légère. Un jour alors qu’elle n’avait pas été à la boutique pour cause de migraine, elle a été surprise de trouver de l’argent dans le sac de la fillette. « En farfouillant dans ses effets, j’ai découvert à tout hasard 3 billets de 10 000 GNF ». Elle demande à la fille d’où venait cet argent. Comme prise la main dans le sac, la fille ne répond pas tout de suite. C’est d’ailleurs après avoir reçu quelques coups de fouet, qu’elle déclare l’avoir reçu de « mari ». La réponse fait un tel choc chez la dame que son pagne se détache.
Le premier réflexe a alors été de conduire la fille dans une clinique en vue d’un examen gynécologique. « Je voulais me rassurer que cet homme ne l’a pas touchée ». Peine perdue. En effet, au grand désespoir de la dame, le diagnostic révèle que Mariam avait été abusée à plusieurs reprises. L’examen révèle au passage que la fille avait même subi des déchirures et qu’elle saignait également. « Il faut la soumettre rapidement à un traitement pour éviter des infections », lui recommande le gynécologue.
Confessions
Trente minutes après les révélations et une séance de sensibilisation, Mariam accepte de se confier à une infirmière. Reconnaissant qu’elle a été abusée par un monsieur, elle raconte le fil des événements. « Il a dit que j’étais sa femme et que si je ne disais à personne, il allait m’envoyer avec lui en France. Je partais chez lui les matins quand ma tante partait vendre » note-t-elle, en précisant que son agresseur lui donnait de la nourriture et des bonbons. « Un jour, il a mis ses doigts dans mon slip, il a dit que si je ne pleure pas, il me donnerait de l’argent. Il m’a donné 5000 GNF et des bonbons. L’autre fois, il est monté sur moi et m’a donné 20.000 GNF, il m’a demandé de ne dire à personne. Arrivée à la maison, j’ai mis un pagne entre mes jambes pour ne pas que ma tutrice remarque le sang. Le lendemain, il est encore monté sur moi et m’a encore donné de l’argent. Ça a commencé à me faire mal, je ne pouvais pas bien m’assoir, mais je n’ai dit à personne. J’ai dit à ma tutrice que j’étais malade pour rester », relate-t-elle également.
Le lendemain de ces horribles révélations, Mariam et sa tutrice se rendent très tôt dans l’appartement du monsieur. Mais elles n’y trouvent personne. L’occupant, leur dit la propriétaire de l’immeuble, avait quitté les lieux la veille aux alentours de 20 heures. « Il m’a dit avoir eu un autre contrat à Boké. Il a fait 5 mois ici, mais il n’avait aucun meuble, juste une petite valise » précise la propriétaire qui dit n’avoir rien remarqué d’anormal, vu qu’elle percevait les frais de loyer à temps.
Ne sachant quoi faire, la tutrice a renvoyé la fille à sa famille, à Dabola. Avant, Mariam a reçu de sa ‘’tante’’ la consigne de ne pas rapporter à ses parents ce qu’elle avait subi.
Asmaou Diallo