Aissatou Koulibaly était interprète et travaillait en Guinée ici avec une société russe. Originaire de la ville de Labé, en Moyenne-Guinée, la jeune femme âgée aujourd’hui d’une trentaine d’années a connu une vie de turbulence quand les Russes avec qui elle collaborait ont décidé de plier bagage. Une situation qui l’a poussée à embrasser le métier de maçon.
Rencontrée ce mardi 12 juillet 2022 sur le site de la construction d’un immeuble à Matoto, à Conakry, elle s’est confiée au Djely sur son long périple. « J’étais interprète et j’étais très bien payée. Je parle le russe et le français. J’étais chargée de transmettre en français, ce qui était dit en russe. Malheureusement, les Russes sont partis alors que la Guinée connaissait des mouvements politiques liés aux manifestations du Front national pour la défense de la Constitution, contre le troisième mandat d’Alpha Condé. Pour éviter d’être à la merci des hommes, j’ai décidé de faire une formation rapide en maçonnerie avec un maître maçon qui était venu travailler un jour chez un voisin. Aujourd’hui, je gagne pas comme avant mais je préfère cela parce que je gagne quand même ma vie avec cette activité », a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, la jeune femme a pu se construire sa propre maison située à Kouria, dans la préfecture de Coyah. Elle invite d’ailleurs les femmes à ne pas attendre tout des hommes. « Je veux seulement que mon homme continue à croire en moi et à me respecter, parce que je me bats aussi. Beaucoup d’hommes pensent que les femmes sont classées au second plan et pour cela elles ne méritent pas de respect. Mais non ! J’invite mes collègues à se mettre au travail pour qu’elles soient considérées », a lancé Aissatou Koulibaly, qui est en outre mère de deux enfants.
Junior Leno