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TCHAD : la solution ne viendra point de la CEEAC

C’était sans doute trop beau pour être vrai. Et ceux qui y avaient cru s’étaient rendu coupables d’une cruelle naïveté. En dépit de tous les reproches légitimes qui sont faits à la CEDEAO, elle est de loin préférable à sa sœur de la CEEAC. Formée de pays à la tête desquels trônent des dirigeants potentats et ayant en commun leur aversion pour les principes démocratiques et les droits humains, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ne pouvait nullement un recours rassurant pour le peuple bâillonné du Tchad. Et cela, les conclusions du sommet extraordinaire qui s’est tenue hier à Kinshasa l’auront amplement démontré. De la part de Felix Tshisekedi, Denis Sassou Nguesso et Faustin Archange Touadéra, il n’y a qu’une vague et tout aussi lapidaire condamnation du « recours à la violence à des fins politiques ». Autant dire le silence, ce n’est un soutien au pouvoir tchadien. D’ailleurs, comment auraient-ils pu dénoncer la répression inouïe réservée aux manifestants tchadiens le jeudi dernier, alors que le général Mahamat Idriss Deby était lui-même convié à la rencontre ? En définitive, de ce sommet, le peuple tchadien doit en tirer un seul message : Abandonné à lui-même, il doit prendre son destin en main.  

Le seuil de l’imaginable, franchi

Certes, l’Afrique centrale n’est pas connue pour son goût prononcé pour les valeurs démocratiques. Mais de là à ce que le sommet sous-régional d’hier fasse l’impasse sur la violente répression à laquelle les opposants tchadiens ont eu droit le jeudi 20 octobre, on peut dire que le seuil de l’imaginable a été franchi. Mais en réalité, qu’aurait-on pu espérer d’une telle rencontre ? Comment en effet a-t-on pu imaginer que le président Denis Sassou Nguesso, qui cumule un total 38 ans au pouvoir, aurait pu éprouver une quelconque compassion pour les opposants tchadiens ? Or, ce n’était pas non plus du président centrafricain, Faustin-Archange Touadera, en quête du troisième mandat, qu’on aurait pu attendre de la fermeté à l’égard de son homologue tchadien. C’est dire que toutes les conditions étaient réunies pour que la montagne n’accouche que d’une souris. Une toute petite souris, dirions-nous. En effet, en dehors de la minute de silence symbolique et d’une condamnation générique et ambiguë du recours aux violences politiques, on ne peut rien en tirer. Ou plutôt, on doit admettre que les chefs de l’Etat de la sous-région se sont rangés du côté des autorités tchadiennes. Mahamat Idriss Deby Itno peut donc continuer à boire du petit lait.

Le Tchad, un peuple à l’abandon

A l’inverse, le peuple tchadien doit se sentir davantage esseulé. Solitude et abandon dont il a toujours fait les frais, en réalité. Mais il y a un avantage à réaliser qu’on ne peut pas compter sur quelqu’un pour obtenir ou reconquérir sa liberté et ses droits. Dans le cas du Tchad, l’enseignement qui se dégage de la passivité de la communauté internationale, c’est que les Tchadiens doivent se battre par eux-mêmes. Qu’ils doivent redoubler d’effort et de détermination. Qu’ils doivent surmonter l’intimidation et la stratégie de la terreur qu’on veut leur imposer. Ils doivent intégrer que seul le rapport de force va déterminer l’issue de la bataille. La liberté est à ce prix. Malheureusement !

Boubacar Sanso Barry

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