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Mort de Thierno Mamadou : “C’est notre hiérarchie qui nous a dit de tirer”

Le procès de l’adjudant-chef Moriba Camara, présumé auteur de la mort de Thierno Mamadou Diallo, la première victime qui est tombée dans le cadre des manifestations sous l’ère du CNRD, a commencé ce lundi 30 janvier, devant le Tribunal de première instance de Dixinn. Si le mis en cause nie les faits portés à sa charge, il incrimine cependant au passage les responsables du ministère de la Sécurité. En effet, contrairement à ce qui a toujours été prétendu, le policier dit que son groupe n’était pas doté en armes conventionnelles de maintien d’ordre. Il avoue que lui et ses camarades étaient plutôt munis en PMAK. Une façon sans doute de relativiser sa propre responsabilité.

A la suite de la hausse inattendue du prix du carburant à la pompe, dans la soirée du 31 mai 2021, des manifestations spontanées avaient éclatées le long de la route le Prince. Aussitôt, des agents des services de sécurité y étaient déployés pour ramener le calme. Et c’est dans ce contexte que Thierno Mamadou Diallo, jeune collégien, avait trouvé la mort, atteint par une balle alors qu’il était dans un cyber, loin des points d’affrontement entre policiers et manifestants. Tout de suite, le ministre de la Sécurité, Bachir Diallo, et le procureur général de la Cour d’appel de Conakry, à l’époque Alphonse Charles Wright, étaient montés au créneau pour condamner cette victime qui venait rappeler les nouvelles autorités à la réalité du pouvoir. Ils avaient aussi tous deux promis que justice serait rendue. Et justement, ce lundi 30 janvier, l’adjudant-chef Moriba Camara, de la Brigade anti-criminalité (BAC n°1) était à la barre du TPI de Dixinn, poursuivi par Issiaga Diallo, lui-même juriste et grand-frère du défunt.

A la barre, le policier a tout bonnement rejeté les faits qui lui sont reprochés. Décrivant, l’ambiance tendue dans laquelle ils interviennent en période de manifestation, il admet tout de même avoir fait des tirs de sommation pour soit disperser les manifestants, soit pour sauver sa vie. « J’ai vu la foule venir vers nous. J’ai vu un monsieur qui venait vers moi, il avait une machette. Je me suis senti en danger. Comme j’avais une arme PMAK, j’ai fait deux tirs de sommation en l’air. Ils se sont dispersés, on a profité pour quitter », déclare-t-il devant le tribunal.

Il persiste et signe qu’il n’a rien à voir avec la mort du jeune Thierno Mamadou Diallo.  « Je suis un musulman, je ne peux pas avoir peur de ce tribunal et oser le bon Dieu. Je peux mourir demain et Le trouver là-bas. Je suis même tranquille dans la tête, parce que je sais que je n’ai rien fait. Vous avez les moyens pour reconnaître les assassins. Donc, ce n’est pas moi. Je reconnais que j’ai fait des tirs dans un coin qu’on appelle Prince mais ce n’est pas à Hamdallaye », jure-t-il.

Mais d’une certaine façon, l’adjudant-chef impute à ses responsables hiérarchiques la responsabilité des bavures qui ont lieu dans le sillage des manifestations. « Notre groupe n’a pas d’armes conventionnelles, on travaille avec les PMK. C’est notre hiérarchie qui nous a dit de tirer. On a des Talkie-walkie. Avant de faire quoi que ce soit, on communique avec nos chefs et ce sont eux qui nous ordonnent. Moi personnellement, je n’ai pas de Talkie-walkie, mais c’est notre chef de mission, adjudant-chef Mamadou Yero Barry qui avait le Talkie-walkie. C’est lui qui nous a demandé de tirer, parce que c’est lui qui avait le Talkie-walkie », accuse le policier.

A ce rythme, ce procès pourrait aider à mieux comprendre les circonstances dans lesquelles ont lieu les tueries dans le sillage des manifestations. Et ce serait d’autant plus important qu’autorités et manifestants se sont toujours renvoyés la balle au sujet de ces morts quasi-systématiques que l’on enregistre dans le cadre de ces protestations.

Fodé Soumah

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