Fidèle à sa méthode à lui, le ministre de la Justice tranche dans le débat résultant de la persistance de l’imam Nanfo Ismaël Diaby à prier en langue Maninka. Et il se range plutôt du côté du religieux tant combattu. Parti rendre une visite de courtoisie au grand imam de Kankan, Alphonse Charles Wright, faisant valoir le caractère laïc de l’Etat, a clairement indiqué que Nanfo Ismaël était libre de prendre dans la langue de son choix. Cela participe aussi de la tolérance religieuse, estime le ministre de la Justice.
C’est aux environs de 8heures 30 que le ministre de la justice et son équipe sont arrivés au domicile du grand imam. Alors que les échanges portaient sur le rôle des religieux pour la promotion de la paix, subitement, le cas de l’imam controversé s’est retrouvé au cœur du débat. L’imam de Kankan se prononçant sur le sujet lance notamment : « Nanfo est un musulman en perdition. Dans un pays où la religion est normalement appliquée, il doit être tué. Dieu a dit dans ses saintes écritures que la prière doit être faite en arabe. Les droits de l’homme sont une invention humaine qui ne doit pas piétiner les lois divines »
Mais cette perception des choses, le ministre Alphonse Charles Wright ne la partage pas. Et il le fait savoir devant l’imam le grand imam de Kankan. « Dieu dit que si vous aimez votre religion, respectez celle des autres. Vous ouvrez le Coran, vous parlez des versets mais la Guinée n’est pas un pays islamique. Puisqu’on n’a pas les mêmes croyances, donc mettons cela de côté. Je suis devenu musulman, parce que je crois à ce qui est dit, mais je dois respecter l’animiste, le chrétien et cela est aussi leur droit pour qu’il y ait la paix. On dit souvent que celui qui vole, il faut couper ses mains. Mais pourquoi nous ne le faisons pas ? Parce qu’on ne peut pas juger sur la base du coran. Tous mes enfants sont musulmans et moi je suis enfant de chrétien. Les droits de l’homme ne sont pas comparables aux lois du Coran, ni à celles de la Bible. Les droits de l’homme sont là pour qu’il y ait la paix. Les questions religieuses sont très sensibles et seul Dieu peut me juger. J’ai l’obligation de veiller au respect de cela en Guinée », assène le ministre.
Et pour que ce soit encore plus clair, il poursuit : « Si Nanfo veut, il n’a qu’à prier en Chinois ou dans une autre langue. L’imam peut ne pas aimer mais moi je respecte ça. Mais si sa prière doit diviser au point d’entrainer des cas de morts, je le dis une fois de plus, personne ne sera tolérée. Ici, c’est la liberté de religion ».
En partant du domicile du grand imam, le ministre Alphonse Charles Wright a promis de rencontrer Nanfo Ismaël Diaby.
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com