La grève générale et le contexte politique marqué par la dissolution du gouvernement et la nomination depuis le 27 février, d’un nouveau premier ministre, font passer quelque peu le procès du 28 septembre au second plan. Pourtant, celui-ci s’est poursuivi sans interruption cette semaine. Et même, il est passé à une autre étape avec la phase de la projection des vidéos et audios versés au dossier. Mais au gré des séances de visionnage et d’audition des différents enregistrements, le camp de Moussa Dadis Camara fait valoir une certaine sérénité. Pour les avocats de l’ancien président de la Transition en particulier, les vidéos et audios projetés au cours des trois jours d’audience de cette semaine sont loin d’apporter la preuve d’une quelconque responsabilité de leur client dans le massacre qu’il y a eu. Et cet optimisme, il était singulièrement à l’issue de l’audience de mercredi.
Au compte de cette troisième journée d’audience, c’est la partie civile qui a présenté des vidéos qui accréditent, à ses yeux, l’effectivité du massacre. La vidéo montre notamment une foule de manifestants aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’enceinte du stade. On aperçoit également les leaders politiques, quand ces derniers prononçaient leurs discours, à tour de rôle. On entend enfin les crépitements quand les tirs ont commencé.
Que la vidéo atteste de l’effectivité, Me Pépé Antoine Lamah n’a aucun problème avec cela. L’avocat de Moussa Dadis Camara admet même que la vidéo qui est du domaine public, est choquante. « Ce que nous avons vu sur cette vidéo est choquant. C’est inadmissible même. Cette vidéo n’est pas nouvelle, elle est sur les réseaux sociaux, donc publique et connue pratiquement de tous les Guinéens. Cette vidéo n’est pas inconnue de la défense de capitaine Moussa Dadis. Elle est la description réelle et véritable de ce qui s’est passé le 28 septembre 2009. Le capitaine Moussa Dadis Camara avait conscience de l’existence de cette vidéo », réagit Me Pépé Antoine.
Loin de se laisser ébranler, la défense de Moussa Dadis Camara s’efforce même de retourner la vidéo projetée en faveur de son client. En effet, dit-elle en substance, c’est justement parce que les événements du 28 septembre 2009 étaient authentiques, qu’ils étaient horribles et inadmissibles, que Moussa Dadis Camara s’est employé à rechercher en rechercher les auteurs. « Aujourd’hui (encore), dans le box des accusés, le président Dadis est toujours préoccupé pour la manifestation de la vérité, il a sur sa conscience le devoir d’œuvrer pour que la vérité se manifeste afin que les auteurs et commanditaires de ces crimes soient identifiés, jugés et sanctionnés à la hauteur de leur forfaiture », assure Me Pépé Antoine Lamah.
Mais au-delà de cette vidéo-là en particulier, c’est de toutes projections que Dadis Camara en serait sorti indemne. « Nous nous sommes tout de même réjouis pour l’instant de toute les projections qui ont été faites. Parce qu’à date, aucune vidéo n’a été projeté en soutien à l’accusation portée contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Donc, nous sommes rassurés, nous sommes en procès criminel où nous avons besoin des preuves », a-t-il conclu.
Aminata Camara