L’installation des conseils de quartier et de district se poursuit depuis quelques jours dans la ville de Conakry et à l’intérieur du pays. Dans plusieurs localités, des cérémonies grandioses sont même organisées pour l’occasion. Cependant, cette démarche est jugée « illégale» par certains acteurs politiques.
C’est le cas de Souleymane Souza Konaté, membre du parti Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Il considère illégale la décision du ministre de l’Administration du territoire, qui confère aux gouverneurs le pouvoir de nommer les Conseils de quartiers et de districts. Pour lui, cet acte constitue une provocation qui risque d’exacerber les tensions et de radicaliser les positions. « C’est illégal dans la mesure où cet acte viole les dispositions des articles 80 et 100 de la loi L/2017/N°0040/AN Portant code révisé des collectivité locales de la République de Guinée et qui définissent clairement les conditions de dissolution d’un Conseil de quartier/et/ou de district. Rappelons que ce code reste encore en vigueur dans notre pays. Pour dissoudre un ou des conseils de quartiers/et/ou de districts, il faut que les deux tiers des conseils élus soient reconnus coupables de crimes ou de malversations par un tribunal. Ce qui n’est pas le cas à date », a-t-il indiqué.
Souleymane Souza Konaté estime également que l’État aurait dû réviser le fichier électoral « assaini et consensuel » afin d’organiser des élections permettant aux guinéens de choisir librement leurs représentants locaux. Selon lui, la seule raison qui sous-tend cette nomination des chefs de quartiers et de districts est la volonté de confisquer le pouvoir. « Ils sont en train de traîner volontairement le pas sur le processus de retour à l’ordre constitutionnel. Toutes les activités qui concourent à atteindre ce résultat sont simplement ignorées avec pour seul objectif, s’incruster davantage au pouvoir à ses risques et périls », a-t-il fustigé. Il craint, en effet, que ces conseillers illégaux ne soient à la solde de la junte « pour des activités de propagande, de publicités mensongères et d’achat de consciences ». « La militarisation à outrance de nos de nos régions, Préfectures et sous-préfectures ainsi que l’installation des conseils de quartiers et de districts en violation de nos textes de loi sonnent pour nous comme un second putsch opéré par le CNRD contre le peuple de Guinée », dénonce l’acteur politique.
L’ANAD, la coalition dirigée par le leader de l’UFDG, membre des Forces vives, ne compte pas rester inactive face à cette situation. Selon le conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, des actions sont prévues pour exprimer leur opposition à cette décision de nomination des autorités locales. « Il n’est pas question pour nous de croiser les bras et de laisser la junte condamner notre pays à des lendemains incertains. Il nous faut une résistance collective assumée pour libérer la Guinée de cette nouvelle dictature rampante », a-t-il conclu.
Aliou Nasta