Fatoumata Binta Diallo : « Le VIH n’est pas une fatalité » 

Le 1er décembre, la communauté mondiale célèbre la Journée internationale de lutte contre le VIH/Sida. En Guinée, cet événement marque une étape importante pour évaluer les avancées réalisées et renforcer l’engagement national face à cette pandémie qui, autrefois redoutée, est aujourd’hui mieux maîtrisée grâce à des stratégies adaptées et des progrès scientifiques significatifs.

Fatoumata Binta Diallo, chef du département communication du secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre les IST/Sida, a mis en lumière les progrès remarquables dans la lutte contre le VIH en Guinée. « Au moment où le VIH était vraiment une maladie qui effrayait, on parlait de panneaux et d’affiches. Mais aujourd’hui, les gens comprennent mieux la maladie et savent ce qu’est le VIH/Sida », affirme-t-elle.

L’État guinéen, en partenariat avec des organisations de la société civile et des partenaires techniques et financiers, a adopté une approche centrée sur la prise en charge des personnes infectées. Les efforts se concentrent désormais sur l’achat d’antirétroviraux (ARV) modernes, la lutte contre la stigmatisation et l’amélioration de l’accès aux soins.

Grâce aux progrès scientifiques et à un financement accru, les traitements du VIH en Guinée sont plus efficaces que jamais. « Autrefois, les personnes vivant avec le VIH prenaient jusqu’à 20 comprimés par jour. Aujourd’hui, un seul comprimé quotidien suffit pour atteindre une charge virale indétectable en trois mois », souligne Fatoumata Binta.

Une charge virale indétectable signifie que la personne infectée ne peut plus transmettre le virus par voie sexuelle. Cela permet aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie normale, d’avoir des enfants sans les contaminer et de vivre sans la peur constante de propager la maladie.

Dans toutes les structures de santé du pays, les femmes enceintes séropositives bénéficient d’une prise en charge immédiate dès leur dépistage. Cela réduit considérablement les risques de transmission mère-enfant, un problème autrefois fréquent. « Aujourd’hui, dès qu’une femme enceinte est dépistée positive, elle est immédiatement mise sous ARV, sans délai », explique Mme Diallo.

Les médicaments antirétroviraux, dont le dolutégravir, sont disponibles dans l’ensemble des centres de santé. Les ruptures de stock, bien que rares, restent une préoccupation, notamment pour certains intrants spécifiques comme les tests Bioline. Ces défis nécessitent une vigilance constante de la part des autorités sanitaires.

Si les avancées scientifiques ont transformé la vie des personnes vivant avec le VIH, la stigmatisation demeure un obstacle majeur. En Guinée, de nombreuses personnes hésitent encore à se faire dépister ou à parler ouvertement de leur statut sérologique. « Dans la tête des gens, avoir le VIH signifie être maudit ou rejeté », déplore Mme Diallo.

Pour contrer ces préjugés, des campagnes de sensibilisation sont menées par le Comité national de lutte contre le Sida, la société civile et les réseaux de personnes affectées par le VIH. Des témoignages publics de personnes séropositives contribuent également à démystifier la maladie. « Le VIH n’est pas une fatalité. Ce n’est pas la fin du monde », insiste Mme Diallo.

Alors que le VIH ne tue plus grâce à un traitement adéquat, Mme Diallo appelle la population à se faire dépister massivement. « Dès que vous commencez le traitement, vous atteignez une charge virale indétectable en trois à six mois, et vous pouvez vivre votre vie tranquillement », dit-elle.