L’adoption du projet de nouvelle Constitution par le Conseil National de la Transition (CNT) continue de susciter des réactions contrastées. Si le texte a été validé à huis clos le 9 avril dernier, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer un processus opaque et peu inclusif. Parmi elles, celle du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), qui n’a pas mâché ses mots.
Ce samedi 12 avril, à l’occasion de son assemblée générale, le parti a exprimé de vives préoccupations. Pour ses cadres, le CNT a agité le drapeau de la précipitation sans véritable concertation avec les acteurs politiques et sociaux. « Qui parmi nous connaît réellement le contenu de cette nouvelle Constitution ? Même les grandes lignes ? Et pourtant, on nous demande d’aller voter pour elle », s’est indigné Mohamed Lamine Bah, secrétaire aux relations extérieures du MoDeL, devant un auditoire attentif.
Un déficit de communication et de transparence
Le principal reproche formulé par le MoDeL : le manque de vulgarisation du texte. Pour le parti, il était impératif que chaque citoyen – y compris ceux ne maîtrisant pas le français – puisse comprendre les grands principes de la future Constitution. « Il fallait au moins que les citoyens aient une idée claire du contenu. Mais aujourd’hui, même ceux qui sont censés tout comprendre nagent dans le flou », a poursuivi Mohamed Lamine Bah.
Au-delà du flou, c’est la question de la transparence qui est posée. Le MoDeL estime que tout texte fondateur d’un ordre institutionnel doit être le fruit d’une large concertation nationale, associant partis politiques, société civile et universitaires. « Il n’y a eu ni débat politique, ni consultation des forces vives. Et on veut nous faire croire que c’est la Constitution du peuple », s’interroge le responsable politique.
Un référendum prématuré ?
Alors que se profile un référendum constitutionnel, le MoDeL reste sceptique. Pour ses responsables, le contexte actuel – détention de leaders politiques, fermeture de médias, manque de consensus – n’est pas propice à une consultation électorale libre et crédible. « Nos leaders sont en détention, certains médias sont fermés. Dans ce contexte, il est difficile de parler d’un processus électoral crédible. Les autorités savent pourtant ce qu’il faut faire pour instaurer un véritable climat de confiance », a estimé Moïse Diawara, porte-parole du parti.
Pour le MoDeL, la légitimité d’une nouvelle Constitution ne peut naître que d’un dialogue sincère, fondé sur l’inclusion et le respect des principes démocratiques. À défaut, l’actuel processus risque de renforcer les divisions plutôt que de les apaiser.
Il importe néanmoins de noter qu’avant l’adoption récente du projet, l’avant-projet de la nouvelle constitution, avait, lui, fait l’objet d’une large vulgarisation via des missions déployées aux quatre coins du pays. Mais il est vrai que le même exercice de communication et de transparence devrait être conduit à la suite de l’adoption du projet. D’autant qu’il se susurre que des modifications substantielles auraient été apportées au texte, après sa relecture.
Lamine Camara