Le procès dans l’affaire opposant le ministère public contre Bangaly Traoré pour assassinat s’est tenu le 8 avril 2024 dernier au tribunal de première instance, délocalisé exceptionnellement pour l’occasion à la cour d’appel. Sans surprise, le meurtrier de Dame Adama Konaté a été reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés. Une condamnation à perpétuité assortie de 30 ans de sûreté, ainsi qu’une amende de 3 milliards de francs guinéens, destinée à indemniser les héritiers de la victime, a été infligée à l’auteur du crime. Deux jours après ce procès très suivi, tant à Kankan qu’à travers le pays, les réactions continuent de pleuvoir. Parmi elles, celle de l’inspectrice régionale de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, qui s’est dite globalement satisfaite de la sentence prononcée.
Aminata Bérété, longtemps restée en larmes après le tragique assassinat de dame Adama Konaté survenu le 20 mars dernier au marché Dibida, a témoigné de sa grande émotion face à ce drame. Dès le lendemain du meurtre, elle avait exprimé sa conviction que justice serait rendue. «Rien n’empêchait la tenue du procès, et je croyais profondément que justice serait rendue», avait-elle affirmé à l’époque. Le jour du procès, l’inspectrice s’était installée dès les premières heures dans les sièges réservés aux parties civiles, s’impliquant activement dans l’ensemble des débats tout au long de la journée.
Ce jeudi, lors d’un entretien accordé à la presse, Hadja Aminata Bérété a salué l’engagement des différents acteurs impliqués dans le dossier, notamment des magistrats et des organisations de la société civile. «Le passage du ministre de la Justice a été un signal fort dans cette affaire. Je salue tous les cadres régionaux, les magistrats, les ONG, les sages et tous ceux qui se sont mobilisés pour ce dossier. C’était notre attente, et nous avons été satisfaits du verdict», a-t-elle déclaré, soulignant ainsi la portée symbolique de la décision judiciaire.
La crainte du paiement de l’amende de 3 milliards de francs guinéens
Dans le nabaya, la principale crainte des citoyens demeure la capacité de Bangaly Traoré à payer les 3 milliards de francs guinéens d’amende qui lui ont été infligés. Nombreux sont ceux, parmi les curieux présents lors du procès, qui doutent de sa capacité à régler cette somme colossale. Bien que l’inspectrice régionale ne l’affirme pas de manière définitive, elle semble déjà pencher vers une prise en charge par l’État. «Lorsqu’un malfaiteur est condamné, et s’il s’avère qu’il n’est pas en mesure de payer, je pense que l’État, le gouvernement, pourrait intervenir pour le faire à sa place. C’est ce que nous espérons, et c’est ainsi que nous percevons cette condamnation», a-t-elle ajouté.
Près d’un mois après la tragique disparition de leur mère et sœur, la famille de dame Adama Konaté, que nous avons visitée ce jeudi, peine encore à surmonter le choc. Leur douleur est palpable, et il était difficile pour nous de trouver un membre de la famille prêt à s’exprimer immédiatement sur le verdict. Toutefois, selon les propos de l’inspectrice régionale de l’action sociale, la famille semble avoir trouvé une forme de sérénité dans la volonté divine. «Nous avons eu des échanges avec la famille de la victime, et leurs cœurs commencent peu à peu à se calmer. Étant croyants, et avec le soutien des sages et des religieux, ils s’en remettent à la décision du tribunal et à la volonté de Dieu», a-t-elle confié.
Ce drame, bien qu’il soit une source de douleur profonde, semble avoir trouvé une première forme de réparation judiciaire. Mais pour les proches de dame Adama Konaté, le chemin vers la guérison semble encore long, marqué par le poids du souvenir et l’injustice ressentie.
Michel Yaradouno, depuis Kankan