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Algérie-France : la ré-crispation

Décidément, l’Algérie et la France ne sont plus faites pour s’entendre. En tout cas, après la désescalade d’il y a à peine une semaine, personne n’aurait pu s’attendre à la brusque dégradation actuelle des relations entre Alger et Paris. D’autant que cette détente était portée et garantie par les deux présidents, Abdelmajid Tebboune, d’une part, et Emmanuel Macron, de l’autre. Mais subitement, désormais rien ne va plus de nouveau entre les deux pays. L’arrestation et la mise en examen par la justice française d’un diplomate algérien, accusé d’être impliqué dans l’enlèvement et la séquestration, il y a un an, d’un opposant au régime algérien, basé en France, sont le déclencheur de cette brusque montée de tension. Même si Alger semble avoir sur-réagi à cette interpellation de son diplomate.

Dans les deux pays, ce sont les extrémistes et autres attiseurs de haine qui doivent se frotter les mains. Eux qui avaient vécu la dernière courte détente comme un camouflet cinglant doivent voir dans ce nouvel accès de colère entre Alger et Paris, une occasion de rebondir. Et ils seront d’autant plus à l’aise qu’il ne semble plus y avoir de sapeurs-pompiers et de faiseurs de paix. En tout cas, du côté de la France, le président Macron et Jean-Noël Barrot, le chef de la diplomatie, incarnaient quelque peu la solution par le dialogue et la diplomatie. Désormais, les deux, comme se sentant floués par la réaction d’Alger à l’arrestation et à la mise en examen de l’agent du consulat algérien de Créteil, sont eux-mêmes en première ligne.

Ironie du sort, il se dit qu’Alger, en décidant, le 12 avril dernier, de l’expulsion de la douzaine d’employés de l’ambassade de France, ciblait tout particulièrement Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français. Eh bien, le calcul est plutôt faussé. Car il en ressort au moins deux effets contraires. Tout d’abord, le même Bruno Retailleau pourra très habilement se servir de cette nouvelle tension pour rebondir et relancer sa rengaine anti-immigration. Ensuite, les rapports de confiance entre Macron et Tebboune pourraient très certainement en être affectés.

Que l’Algérie veuille protester contre l’interpellation et la mise en examen de son agent consulaire ? Rien d’anormal, dans l’absolu. Surtout que le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères évoque à ce propos un traitement « honteux » et « indigne » qui lui aurait été réservé. Et que par ailleurs, l’influenceur et opposant Amir Boukhors alias ‘’Amir DZ’’ à cause de qui le diplomate algérien a été lui-même mis aux arrêts, est perçu par Alger comme étant proche des milieux « terroristes ».

Il est néanmoins très fréquent qu’un simple contradicteur ou un opposant de bonne foi soit très facilement assimilé à un terroriste. C’est même souvent l’amalgame et la confusion que l’on crée sciemment pour se débarrasser ou réduire à néant ses opposants. Bref, même si nous jugeons qu’une protestation était compréhensible de la part de la partie algérienne, celle-ci aurait pu revêtir des formes moins belliqueuses qu’un ultimatum de 48 heures qu’on fixe brusquement à des agents d’une ambassade étrangère pour quitter son territoire. Il était évident que cette mesure radicale donnerait lieu à une réaction de la part de Paris. Surtout qu’à la différence des autorités algériennes dont la décision est politique, l’arrestation de l’agent consulaire algérien s’inscrit, elle, dans le cadre d’une procédure judiciaire.

C’est dire donc que la partie algérienne prend une grande responsabilité dans ce nouvel épisode d’un feuilleton aigre-doux qui se joue avec les autorités françaises depuis bientôt un an. Or, Tebboune et ses collaborateurs n’avaient qu’à poursuivre sur la voie de l’apaisement qu’ils avaient récemment initié. Au lieu de cela, à la suite d’une décrispation dont n’avait même fini de nous féliciter, c’est une ré-crispation qu’ils nous servent. On pourrait croire qu’entre les faucons et les colombes, la bataille est loin de se terminer du côté d’Alger.

Boubacar Sanso Barry

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