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Est de la RD Congo : à quel médiateur se vouer ?

En République démocratique du Congo (RDC), Faure Gnassingbé, le tout nouveau médiateur désigné par l’Union africaine, a effectué une visite de prise de contact hier mercredi. Un déplacement qui a permis au président togolais d’échanger avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, à l’occasion du tête-à-tête d’environ deux heures qu’ils ont dans la soirée. Mais un déplacement que Faure Gnassingbé n’a pour l’instant pas étendu à Kigali, l’autre capitale étroitement liée à cette nouvelle flambée de violences dans l’est de la RD Congo. Mais avant de fouler le sol congolais, ce dernier médiateur de l’UA avait pris le soin de faire une escale à Luanda pour serrer la main et solliciter les bénédictions de son prédécesseur, Joao Laurenço. Bénédictions qui lui seront d’autant plus nécessaires que l’inflation de médiateurs qui prétendent voler au secours des Congolais est désormais telle qu’on a l’impression qu’ils sont davantage dans une logique de compétition que d’appui véritable à la résolution de la crise.

Un spectacle affligeant d’une Afrique incapable de s’entendre

De quoi la crise congolaise est-elle exactement révélatrice ? Nous renvoie-t-elle tout d’abord le spectacle affligeant d’une Afrique incapable de s’entendre même pour venir au chevet d’un de ses membres en crise ? En effet, comment peut-on autrement expliquer tous ces nombreux médiateurs africains dans la crise congolaise ? Dans un premier temps, ce fut le président angolais, Joao Laurenço, au nom de l’Union africaine. Mais ses efforts se sont toujours heurtés à la méfiance de la partie rwandaise et même plus globalement des leaders de l’Afrique de l’est. C’est ainsi d’ailleurs qu’est née l’initiative dite des de la Communauté de l’Afrique de l’est (EAC), autour du président kenyan, William Ruto. Une initiative a donné des idées à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Surtout que dernièrement, l’Afrique du sud, un des géants de cette région, avait perdu des soldats dans le conflit en RDC, dans le sillage de la prise de Goma, par le M23 appuyé par le Rwanda. Et c’est sans doute pour surmonter et dépasser ces clivages d’ordre régional que la formule d’un quatuor de médiateurs a été sortie du chapeau. Mais là aussi, cela n’a guère fonctionné. C’est ainsi que l’ancien premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, victime des suspicions de la RDC, est remplacé par l’ancienne présidente de son pays, Sahle-Work Zewde. Par ailleurs, il aura fallu tenir compte des complaintes de l’Afrique australe, se plaignant d’être sous-représentée dans l’attelage. D’où l’arrivée de Kgalema Motlanthe, l’ancien président sud-africain. Et pour boucler la boucle, Catherine Samba-Panza, l’ancienne présidente de la Centrafrique, a été coptée pour représenter l’Afrique centrale. Avec cette nouvelle configuration, on est donc passé de quatre à cinq médiateurs africains, puisque Olesegun Obasanjo et Uhuru Kenyatta ont continué à être investis de la confiance de toutes les parties. Mais ce processus évolutif a révélé des lignes de friction qui, au-delà des blocs régionaux, touchaient à la langue et au genre.

Compétition voire affrontement diplomatique

Mais on peut penser qu’à travers ces rivalités, il se joue même une forme de compétition voire d’affrontement diplomatique. On se rappelle déjà que la Turquie avait très tôt offert ses offices. Sans succès. Mais finalement, c’est le Qatar dont l’émir a récolté la timbale avec la rencontre surprise du 19 mars dernier, à Doha, entre Félix Tshisekedi et Paul Kagamé. Joli coup diplomatique et médiatique à la fois ! Mais au passage, l’Afrique en sortait toute humiliée. Car cette rencontre dont on attend toujours les effets concrets, a été préparée et organisée à l’insu de toutes les initiatives du continent pour aider à la résolution de la crise. Pire, le mardi 19 mars, alors que les présidents congolais et rwandais s’envolaient vers Doha, l’échec de la rencontre de Luanda entre le M23 et une délégation congolaise était déjà acté. Au point que le soir de cette journée, le contraste entre la photo du tête-à-tête entre Kagamé et Tshisekedi à Doha et le communiqué de la médiation angolaise était si saisissant que Joao Laurenço doit en avoir conclu qu’il lui fallait se retirer. Parce qu’il était évident que les parties avaient saboté ses efforts. Quant à l’Union africaine dont on sait qu’elle n’a pas non plus aimé le ridicule auquel son médiateur a été exposé, elle a donc tout de suite fait appel au président togolais.

Calculs mesquins

Sauf qu’on n’est plus certain que les enjeux de la paix et de la stabilité du Congo soient les seules motivations du grand activisme diplomatique et des petits arrangements de couloirs auxquels on assiste depuis quelques semaines. On a même des raisons de penser que la crise congolaise dont la résolution est pourtant déterminante pour bien de destins individuels, passe pour une simple opportunité pour toute cette ribambelle de médiateurs aux talents surfaits pour quelques-uns. Offrant l’occasion d’un retour inespéré au-devant de la scène notamment médiatique pour certains d’entre eux, ce statut leur garantit à tous une certaine gloriole en effet. Alors même que parmi eux, il y en a qui en sont totalement indignes. C’est d’autant plus abject que ces petits calculs mesquins se font sur le dos de populations congolaises qui continueront à mourir tous les jours aussi longtemps que la crise demeurera en l’état.

Boubacar Sanso Barry

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