Un naufrage éducatif. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier les résultats des examens de fin d’année 2025 dans la sous-préfecture de Kolissokho, préfecture de Boffa. Au centre de BEPC de Tougnifily, qui regroupe cinq collèges, seulement 86 élèves ont réussi. Des chiffres qui donnent froid dans le dos : Mankountan (17 admis sur 144), Kenindé (6 sur 54), Tambaya (7 sur 40). Et dans le primaire, le désastre est tout aussi inquiétant : certaines écoles n’ont vu qu’un seul admis.
Pour des responsables de l’éducation, le diagnostic est clair : démotivation des élèves, absentéisme alarmant, désengagement total des parents. « Les enfants sont livrés à eux-mêmes, et nous, enseignants, nous travaillons dans l’oubli », confie un instituteur de Kolissokho.
Le Directeur de la Section de l’Éducation Élémentaire de Mankountan pointe un manque criant de soutien, des effectifs instables, et l’abandon progressif de l’école par les familles.
Ce drame éducatif s’inscrit dans une réalité bien plus large : écoles sans équipements, enseignants sans formation continue, classes surchargées ou à moitié vides, départs massifs d’enseignants expérimentés. Dans plusieurs villages, l’école est devenue un lieu vide de sens, sans ambition, ni espoir.
Face à l’ampleur de la crise, les autorités éducatives lancent un appel à la mobilisation générale : familles, communautés locales, élus, société civile. Car sans une réaction immédiate et concertée, c’est toute une génération qui risque de sombrer dans l’échec et l’exclusion.
« Ce n’est plus une simple alerte, c’est une urgence nationale », conclut un responsable éducatif, visiblement dépassé par l’ampleur du désastre.
Mamadou Bah, depuis Boké