Le président de la transition, le général Assimi Goïta, a officiellement rejeté la médiation proposée par l’Algérie, qualifiant les précédents accords négociés sous son égide d’échecs pilotés par des intérêts extérieurs. C’est à l’occasion de la réception du projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation, mardi, que le chef de la junte a réaffirmé sa volonté de rompre avec les anciens schémas de résolution des conflits.
Assimi Goïta ne mâche pas ses mots. « Les accords qui ont été conclus jusqu’à ce jour ne l’ont pas été dans l’intérêt des Maliens », a-t-il affirmé. Il fait référence à une série d’accords historiques signés sous la médiation algérienne : l’accord de Tamanrasset (1991), le Pacte national (1992), l’accord d’Alger (2006) et celui de 2015. Selon lui, tous ont échoué à établir une paix durable, car dictés par des logiques extérieures au Mali.
«Tout ce qui a été fait au nom de la paix, l’a été avec des ingérences extérieures», a martelé le président de la transition. « S’il y a des implications étrangères dans votre crise, le règlement ne peut pas être ce que vous auriez souhaité, mais celui des autres », a-t-il mentionné.
Dans cette logique de rupture, Goïta affirme que le Mali prend désormais ses responsabilités en initiant un « dialogue inter-malien » sans intermédiaires étrangers. L’objectif : construire une paix « sincère et durable » entre Maliens.
« Celui qui sait qu’il est Malien et qui veut la paix et la réconciliation, s’il est armé, doit d’abord se débarrasser de son arme et venir vers nous pour qu’on discute », a-t-il déclaré. Il assure que des interlocuteurs sont disponibles à tous les niveaux : des chefs de villages aux autorités locales, en passant par la commission du dialogue inter-malien.
Reste à savoir si cette approche exclusivement nationale saura convaincre les groupes armés actifs au nord du pays et ramener enfin la stabilité tant attendue.
N’Famoussa Siby