Un an après son lancement en grande pompe, le projet de centrale solaire de 35 mégawatts à Karifamoriah, dans la préfecture de Kankan, peine à sortir de terre. Sur le terrain, seule une pierre inaugurale trône, comme un symbole amer d’un chantier abandonné.
L’espoir était immense. Installée sur un site de 43 hectares, la centrale solaire devait enfin répondre à l’épineux problème d’accès à l’électricité dans la région. Mais douze mois après la cérémonie officielle, pas le moindre panneau solaire à l’horizon. Les habitants, entre colère et désillusion, dénoncent l’immobilisme total du projet.
« Le site abritait des retenues d’eau. Depuis le terrassement, des familles subissent des inondations. Le chantier n’a même pas commencé et déjà, les conséquences se font sentir », déplore Ousmane Kaba, président du district 3, inquiet aussi des impacts environnementaux.
Au-delà du retard, les populations crient à l’injustice. Certaines terres agricoles ont été rasées sans aucune compensation. Djalama Mady Kaba, l’un des propriétaires lésés, témoigne avec amertume.
« Ils ont arraché nos manguiers sans prévenir. J’ai surpris la machine sur ma parcelle. J’ai menacé de la brûler. Ils ont même fait venir le gouverneur pour nous intimider. Depuis, pas un franc d’indemnisation. J’ai perdu plus de 4 hectares, mon oncle 3. Ces plantations datent de 1975 », a-t-il indiqué.
Pour les sages du village, le silence des autorités et de l’entreprise en charge du projet, ENERSADO, est tout simplement inacceptable. Elhadj Sanassy Kaba, porte-parole des anciens, ne cache pas son exaspération.
« Ce qu’on nous a promis et ce qu’on vit aujourd’hui n’ont rien à voir. Cela fait plus d’un an, et on n’a reçu aucune explication sur ce blocage », a-t-il soutenu.
Le 31 juillet dernier, une délégation de la société ENERSADO accompagnée de son partenaire technique s’est rendue sur le site. Selon leurs déclarations, les procédures administratives seraient à l’origine du retard. Mais sur le terrain, rien ne laisse présager une reprise imminente.
En attendant, les espoirs s’amenuisent à Karifamoriah, où les promesses d’électrification se consument au fil des jours, à l’image d’un chantier qui n’a jamais réellement démarré.
Michel Yaradouno, depuis Kankan