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Révocation du permis d’Axis Minerals : entretien avec la Directrice exécutive Vasundhara Oswal

Quelle est l’histoire d’Axis Minerals en Guinée ?

Axis Minerals a investi pour la première fois en Guinée en 2013, à une époque où la confiance dans le secteur minier du pays était faible. Beaucoup d’entreprises hésitaient à engager des capitaux en raison des défis liés aux infrastructures et à l’incertitude des marchés. Nous avons perçu le potentiel à long terme des réserves de bauxite guinéennes et avons choisi de prendre ce risque, en apportant des investissements considérables alors que peu d’autres acteurs le faisaient.

Nous avons obtenu notre permis d’exploration de bauxite en septembre 2013, puis toutes les autorisations nécessaires après nos études de préfaisabilité et de faisabilité. Nous sommes restés un partenaire loyal de la Guinée durant plusieurs périodes difficiles, notamment pendant la crise de l’Ebola, illustrant ainsi notre engagement à long terme dans le pays.

En 2014-2015, nous avons lancé la construction d’infrastructures routières et portuaires, avec environ 15 millions USD investis en 2016-2017. Nous avons obtenu un permis d’exploitation minière en novembre 2018. L’année suivante, notre accord d’amodiation avec l’opérateur local AGB2A a été approuvé par le ministère des Mines et de la Géologie. Le permis couvre les troisièmes plus grandes réserves de bauxite de Guinée, soit 800 millions de tonnes. Depuis le début des exportations en 2020, la production a régulièrement augmenté, atteignant plus de 17 millions de tonnes au cours des cinq premiers mois de 2025 avant la révocation du permis. En 2024, le permis Axis représentait la deuxième source de production de bauxite en Guinée. Ce niveau d’activité a permis à la Guinée d’être désormais au cœur de la chaîne de valeur de l’aluminium.

 

Axis Minerals a pris des risques considérables, témoignant de notre foi constante dans le potentiel guinéen. Nous avons assumé l’intégralité du risque d’exploration et de développement – sans aucune garantie de succès. Nos réussites sont le fruit d’un engagement de long terme et d’une confiance durable dans la Guinée.

Quelle est la contribution d’Axis Minerals au développement socio-économique en Guinée ?

Depuis 2013, Axis Minerals a généré plus de 400 millions USD d’investissements en infrastructures grâce à ses partenaires. Cela inclut la construction d’une route de 75 kilomètres, de six usines de traitement opérationnelles, de trois ponts totalisant 350 mètres, ainsi qu’un pont de 75 mètres et une septième usine de traitement actuellement en construction. Nous avons apporté une contribution significative au développement socio-économique de la région de Boffa, où le permis Axis soutenait environ 5 000 emplois directs et indirects, chacun faisant vivre de nombreuses familles.

Notre investissement a apporté emplois, infrastructures et accès aux marchés mondiaux à Boffa – transformant la zone en un pôle économique dynamique. Notre succès a bénéficié non seulement aux actionnaires, mais aussi aux communautés locales et à l’économie nationale.

Le 14 mai 2025, votre permis a été révoqué en direct à la télévision. Comment l’avez-vous appris et que s’est-il passé immédiatement après ?

Le 14 mai 2025, nous avons appris à la télévision nationale, par décret présidentiel, la révocation de notre permis minier – aux côtés de 50 autres – sans aucun préavis, avertissement ni respect d’une procédure régulière. Dans les jours qui ont suivi, nous avons multiplié les démarches auprès du ministère des Mines et de la Géologie afin d’obtenir des explications, mais aucune justification – officielle ou officieuse – ne nous a été fournie. Dès le lendemain de l’annonce, nous avons constaté que notre site minier avait été saisi par la police. Le 20 mai, nous avons appris que la Banque centrale de la République de Guinée avait ordonné le gel de notre compte bancaire, ainsi que de ceux de 50 autres entreprises. À ce jour, malgré nos efforts répétés pour engager un dialogue, nous n’avons reçu aucune communication de la part du gouvernement ou de ses représentants.

Le gouvernement affirme que ces actions s’inscrivent dans une démarche d’assainissement pour améliorer la gouvernance. De votre point de vue, comment qualifieriez-vous ce qui s’est passé ?

Les mesures prises par la République de Guinée à l’encontre d’Axis Minerals sont illégales, dénuées de fondement et traduisent un manquement du gouvernement à ses obligations. Ces actions contreviennent au Code minier guinéen et aux accords internationaux auxquels la Guinée a adhéré, notamment le Traité bilatéral d’investissement Guinée–Émirats arabes unis et l’Accord d’investissement de l’Organisation de la Coopération Islamique. La révocation du permis minier d’Axis Minerals ne repose sur aucun fondement juridique et constitue par conséquent une violation manifeste de nos droits, que nous sommes résolus à défendre.

Quelle est, selon vous, la raison de cette révocation ?

Je ne peux pas spéculer sur les motivations du gouvernement, mais les faits parlent d’eux-mêmes : un projet opérationnel et économiquement bénéfique a été interrompu du jour au lendemain, sans explication. Ce n’est pas le signe d’un processus de réforme transparent – c’est la marque d’une gouvernance arbitraire.

Au-delà d’Axis Minerals, quel message cette décision envoie-t-elle aux investisseurs internationaux qui observent la Guinée ?

Malheureusement, cela envoie le message que la Guinée devient un environnement à haut risque, où les contrats et les lois peuvent ne pas être respectés. Ce n’est pas l’image que devrait renvoyer un pays au potentiel aussi énorme. Nous croyons toujours dans les ressources et le peuple guinéen, mais la confiance des investisseurs ne peut perdurer dans un climat d’imprévisibilité et de décisions arbitraires. Nos discussions avec d’autres investisseurs internationaux et locaux indiquent une inquiétude croissante quant à l’attractivité de la Guinée comme destination d’investissement. Cela est particulièrement vrai dans les secteurs à forte intensité de capital comme l’industrie minière, où les investisseurs ont besoin de prévisibilité, de stabilité et de transparence sur le long terme.

Quel résultat espérez-vous obtenir ? Y a-t-il une place pour le dialogue avec les autorités guinéennes ?

Nous appelons les autorités guinéennes à rétablir notre permis, à garantir le respect de l’État de droit et à ouvrir un véritable dialogue. Notre parcours en Guinée – ainsi que notre statut de conglomérat mondial diversifié, pesant plusieurs milliards de dollars et présent en Asie, en Afrique et en Europe – témoigne de notre engagement constant et de notre volonté d’être un partenaire de long terme. Les richesses minières de la Guinée peuvent et doivent bénéficier à l’ensemble des parties prenantes – mais cela suppose un respect mutuel, une sécurité juridique et un traitement équitable.

Nous souhaitons travailler avec les autorités guinéennes, mais nous sommes également tenus de mobiliser tous les recours légaux à notre disposition afin de protéger les droits et les intérêts de nos actionnaires.

 

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