Annoncé comme le symbole d’un nouveau départ, le gouvernement Lecornu s’ouvre déjà sous le feu des critiques. Après une journée de tractations intenses à l’Élysée, le Premier ministre Sébastien Lecornu a dévoilé dimanche soir une première liste d’une quinzaine de ministres. Une équipe « resserrée » qui mêle anciens visages du macronisme et figures de la droite, mais qui, pour beaucoup, incarne davantage la continuité que la rupture. À peine formé, ce nouveau gouvernement est déjà contesté, fragilisé et menacé de censure par des oppositions.
Dans cette nouvelle configuration, Roland Lescure, député Renaissance, prend les rênes du ministère de l’Économie, tandis que Bruno Le Maire est nommé ministre des Armées. Plusieurs figures du précédent gouvernement dirigé par François Bayrou conservent leur poste : Bruno Retailleau, Gérald Darmanin, Rachida Dati et Élisabeth Borne. Au total, le gouvernement comptera 18 membres, dont un tiers de nouveaux entrants.
Mais loin d’incarner la « rupture » promise par Matignon, cette nouvelle équipe est jugée par beaucoup comme une continuité du macronisme, provoquant un feu nourri de critiques de la part des oppositions.
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réagi avec virulence.
« Tout ça pour ça ? Le gouvernement Lecornu est un cortège de revenants à 80 % de LR et anciens LR embauchés pour continuer une politique qui a provoqué tant de souffrance populaire et de dégâts écologiques. Des élections pour rien, deux censures pour rien ? Cela ne tiendra pas. Et tout ça pourquoi ? Juste le gavage d’une oligarchie parasite du pays. Le compte à rebours pour les chasser tous est commencé », a-t-il dénoncé.
Même ton de déception à droite, où Bruno Retailleau, reconduit au gouvernement, déplore une absence de changement profond.
« La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise », a-t-il affirmé, avant d’annoncer la convocation du comité stratégique des Républicains dès lundi matin pour « évaluer la situation politique ».
Quant à la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, elle a ironisé sur la continuité du casting.
« Le choix de ce gouvernement à l’identique, assaisonné de l’homme qui a mis la France en faillite, est pathétique. Les bras nous en tombent… », a-t-elle réagi.
Le premier Conseil des ministres est prévu ce lundi, avant la déclaration de politique générale que Sébastien Lecornu doit prononcer mardi. Mais le climat politique est déjà électrique. Les oppositions, unies dans la critique, menacent de faire tomber le gouvernement dès les prochains jours.
Ainsi, à peine né, le gouvernement Lecornu semble déjà fragilisé, pris entre les attentes d’une « nouvelle ère » et les reproches d’un recyclage politique. À cette allure, malgré sa volonté de ne pas recourir au 49.3, l’équipe du nouveau Premier ministre, formée dans la douleur, risque bien de plonger la France dans une nouvelle zone de turbulence politique.
N’Famoussa Siby