ledjely
Accueil » Silence et peur à Matoto après l’enlèvement présumé de la famille d’Élie Kamano
ActualitésGuinéePolitiqueSécuritéSociété

Silence et peur à Matoto après l’enlèvement présumé de la famille d’Élie Kamano

Ce 17 novembre 2025, le quartier de Matoto semble tenir son souffle. En arrivant devant la concession d’Élie Kamano, un silence nous a immédiatement frappés. Les ruelles  presque vides, comme si le quartier a migré après l’événement qui l’a secoué la veille. Entre l’école Victor Hugo et les bureaux de Motors, la maison de l’artiste, de portail noir désormais cadenassé, se dresse dans une immobilité lourde.

Les habitants que nous avons croisés baissaient la voix dès qu’il était question de la famille Kamano. Certains détournaient le regard, d’autres se contentaient de nous indiquer vaguement la direction avant de s’éloigner rapidement. La peur était palpable. Personne ne voulait se mêler de cette affaire, comme si nommer ce qui s’était passé pouvait, d’un coup, faire tomber sur eux un danger invisible.

D’après le message vidéo qu’Élie Kamano a publié depuis l’étranger, tout aurait basculé aux premières heures du 16 novembre. À 4 heures du matin, des hommes cagoulés auraient forcé l’entrée de son domicile avant d’emmener ses deux enfants, Robert et Safaoulan, son neveu Antoine Sandouno et son jeune frère, Safouma, gendarme. L’artiste, dont l’engagement politique est bien connu en Guinée, affirme que ces enlèvements seraient liés à ses prises de position contre la junte au pouvoir.

Dans son message, il ne cache ni son émotion ni sa colère. Sa voix s’adresse directement aux diplomates étrangers, aux organisations internationales, à l’UNICEF, et même au président français Emmanuel Macron. Il insiste sur un point : ses enfants n’ont rien à voir avec ses combats. Ils n’ont ni l’âge ni la vocation d’être mêlés à ses engagements. Ils sont nés, dit-il, alors qu’il portait déjà ses causes sur ses épaules. « Mes enfants sont tout pour moi, je dis bien tout. Rendez-moi mes enfants. Et poursuivons la lutte des idées », confie-t-il, avant d’ajouter que, malgré la douleur, il ne renoncera pas à ses convictions.

À Matoto, des rares voisins qui acceptent de parler le font avec prudence, comme s’ils craignaient que les murs aient des oreilles. Il n’y a pour l’instant aucune réaction officielle des autorités, pas un mot qui viendrait éclairer ce qui s’est réellement passé. L’incertitude, elle aussi, alourdit l’atmosphère.

En attendant que la lumière soit faite, la maison d’Élie Kamano reste close, silencieuse, comme figée dans l’attente du retour de ceux qui en ont été arrachés. Et dans les alentours à Matoto, chacun continue de marcher sur la pointe des pieds.

Thierno Amadou Diallo

Articles Similaires

Cameroun : Issa Tchiroma signe un premier décret explosif et défie ouvertement le pouvoir en place

LEDJELY.COM

Enlèvement des enfants d’Élie Kamano : l’OGDH dénonce une dérive inquiétante

LEDJELY.COM

Siguiri : un père poignardé par son propre fils à Bouré Boukaria

LEDJELY.COM

« Refus d’obtempérer » : la Gendarmerie neutralise un véhicule grâce à un tir

LEDJELY.COM

RD Congo : la fête du foot, en attendant celle de la paix

LEDJELY.COM

Litige Guinée-Tanzanie : le TAS se penche sur un dossier brûlant ce lundi

LEDJELY.COM
Chargement....