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MALI : à qui la faute ?

Une nouvelle fois, le destin du Mali passe par le fameux camp de Kati. Un camp dont les humeurs plutôt changeantes auront finalement déterminé la marche du pays ces dernières années. Mais pour cette énième immixtion de la soldatesque malienne dans la marche laborieuse du pays à travers cette interruption d’une transition qui elle-même était quelque peu mal en point, il convient de situer les responsabilités. Est-ce la faute de Bah N’Daw et Moctar Ouane, le duo de l’exécutif, qui aurait manqué de tact et de finesse face à des militaires redoutant de se voir déposséder la transition ?  Est-ce celle d’une junte qui veut profiter de ce différend pour rebattre les cartes dans le but de s’offrir une rallonge au sommet de l’Etat ? Ou bien serait-ce déjà la conséquence de l’indulgence et de la clémence dont la communauté internationale et l’Union africaine en particulier font montre à l’égard de la junte tchadienne ? Difficile au stade actuel de dire laquelle de ces hypothèses l’emporte sur les autres. D’autant qu’il n’est pas exclu que les trois puissent interagir pour générer la situation qui prévaut depuis ce lundi 24 mai 2021 à Bamako.

Pattes blanches

D’ores et déjà, il convient de relever que le contexte qui a prévalu les derniers mois au Mali n’était pas des plus sereins. Outre la crise sécuritaire qui ne s’était guère améliorée, il y a eu ce malaise social qui, lui aussi, ne se sera point calmé. En témoigne la grève qui paralyse depuis maintenant deux semaines la fonction publique. D’ailleurs, c’est à cette ambiance délétère que l’on doit le besoin du remaniement ministériel par lequel tout le mal est arrivé. Pour calmer la fronde et espérer restaurer un climat qui permette de conduire la transition à son terme, le président de la Transition a cru devoir insuffler du sang neuf dans le gouvernement. Ceci étant, Bah N’Daw a-t-il eu raison de d’aller à l’encontre de la volonté de la junte ? La situation étant des plus précaires, n’aurait-il pas fallu montrer pattes blanches pour préserver l’essentiel qui est le fait de poursuivre la transition ? Ces questions sont d’autant plus légitimes qu’il était de notoriété publique que la réalité du pouvoir était encore entre les mains d’Assimi Goïta et de ses hommes.

Quand un militaire remplace un militaire

Pour autant, l’attitude de la junte malienne n’est pas compréhensible. Elle est même franchement condamnable. En effet, comment ne peut-elle pas s’en tenir à la décision d’un président de la Transition qu’elle a investi de sa confiance ? Au-delà, si Assimi Goïta et ses hommes peuvent se plaindre de l’éviction de leurs proches des ministères stratégiques de la Sécurité et de la Défense, n’est-ce pas que ce sont des militaires qui ont été nommés à la place de ces derniers ? Où est le problème, quand un militaire remplace un militaire ? N’a-t-on pas tout simplement voulu se servir de cette revendication comme d’un prétexte pour ramener le compteur de la transition à zéro ? En tout cas, sur le fond, on ne saurait comprendre que des militaires qui, en août dernier, s’étaient présentés en sauveurs du peuple, s’autorisent à remettre en cause le processus de transition juste parce que deux des leurs avaient été éjectés du gouvernement.

Inspirés par le Tchad ?

Mais on ne sait jamais. Peut-être bien que le cas tchadien leur a donné des idées. Surtout que ces derniers temps, on n’a pas cessé d’établir justement le parallèle entre les coups d’Etat dans les deux pays. D’un côté, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est le tollé général de la part de la communauté internationale. De l’autre, c’est un silence qui s’apparente à une complicité tacite avec les putschistes. Il est vrai que tout cela n’est pas si cohérent. Est-ce une raison pour enfoncer davantage le Mali dans le gouffre ? Certainement pas !

Boubacar Sanso BARRY

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