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MALI : Russes et Français transportent-ils leurs querelles à Bamako ?

Le Mali sera-t-il après la Centrafrique, le nouveau terrain d’expression de la rivalité entre la Russie et la France sur le sol africain ? En tout cas, au-delà de la maladresse du président de la Transition qui n’aurait pas consulté le colonel Assimi Goïta lors de la formation du dernier gouvernement d’une part, et de l’autre, du goût de plus en plus prononcé des militaires maliens pour le pouvoir, c’est à la guerre de positionnement entre la France et la Russie que l’on rapporte le coup de force intervenu au Mali depuis ce lundi 24 mai 2021. Il semble en effet que les deux militaires renvoyés respectivement des ministères de la Sécurité et de la Défense étaient pro-russes. Au-delà, depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, on a pointé une proximité plutôt suspecte entre la Russie et les principaux meneurs du putsch. Ainsi donc, l’attitude du président de la Transition et de son premier ministre que certains trouvent plutôt déloyale à l’endroit d’Assimi Goïta et de ses hommes, est perçue comme une manœuvre de l’ancienne puissance coloniale lui permettant de reprendre le contrôle des choses, aux dépens du pays de Vladmir Poutine. Et c’est donc à ces querelles géostratégiques que l’on doit les risques incalculables auxquels on expose le Mali et la vingtaine de millions de ses habitants. Dommage !

L’intransigeance du président Emmanuel Macron et de son ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, à l’endroit de l’ex-junte malienne ne serait donc pas guidée que par le souci de restauration de l’ordre constitutionnel au Mali. Surtout qu’elle tranche bien avec l’attitude étrangement conciliante des mêmes autorités françaises à l’égard de Déby fils au Tchad. Il est avant tout question des intérêts stratégiques de la France. S’il est admis que les pays, dans leurs relations, ne fonctionnent que sur la base de leurs intérêts respectifs, il est cependant regrettable de constater qu’Emmanuel Macron ne change pas fondamentalement par rapport à ses prédécesseurs. Lui qui est pourtant d’une nouvelle génération laissait entrevoir une certaine rupture. De toute évidence, il n’y arrive pas.

Mais c’est avant tout au continent africain qu’il convient de s’en prendre pour sa trop grande tendance à se laisser infantiliser. A propos, c’est bien dommage que l’Union africaine qui a fêté son 58ème anniversaire ce 25 mai se laisse trainer par le bout du nez dans la gestion de toutes ces crises sur le continent. Au Tchad, allant à l’encontre de ses propres principes, elle s’abstient de condamner le coup d’Etat, manifestement parce que la France ne le voulait pas. Au Mali, elle s’empresse de taper du poing sur la table, parce que les putschistes ne sont pas en odeur de sainteté avec la diplomatie française.

Le débat ici n’est pas de savoir qui que la France ou de la Russie est-il préférable pour le Mali ou même pour l’Afrique ? Au contraire, le plus écœurant c’est même le fait que les Africains en soient encore à ce type de débat, 60 ans après les indépendances. Et c’est à ce niveau que l’on ne comprend pas non plus les actes que Bah N’Daw et Moctar Ouane, respectivement président de la Transition malienne et son premier ministre, ont récemment posés. Pourquoi en effet avoir décidé de renvoyer du gouvernement des membres éminents de l’ex-junte sans en avoir parlé au colonel Assimi Goïta ? Pourquoi s’être autorisé une telle défiance, tout en sachant les risques auxquels ils exposaient le pays ? Quelle était l’urgence justifiant une telle prise de risque ? A supposer que c’était pour contenter la France, est-il seulement responsable d’exposer son pays à une si grande menace pour les seuls intérêts d’une puissance étrangère ? Quelle qu’elle soit par ailleurs. Bien sûr, on peut retourner les mêmes questions au colonel Assimi Goïta. Dans le cas où lui et ses hommes travailleraient aussi pour faire triompher des intérêts russes, cela justifierait-il le péril auquel ils exposent le pays ?

Bref, l’Afrique et son élite doivent accepter de grandir. Leur tendance à se laisser manipuler par le premier venu n’est pas honorable. Le fait de vouloir reposer tous ses espoirs sur les autres pour s’en sortir ne l’est pas non plus. Une révolution des mentalités s’impose donc !

Boubacar Sanso BARRY

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