C’est une belle brochette de membres du gouvernement qui était hier à Boké pour procéder à l’inauguration du poste électrique basé à Kakoui, dans le district de Wakriya. Un poste devant alimenter la Gambie, le Sénégal, la Guinée Bissau et le République de Guinée qui, bien sûr, permettra dorénavant d’offrir de l’électricité en permanence à la ville de Boké, mais aussi à la cité de Kamsar et même Kolaboui. Pour la circonstance, Bernard Goumou avait tout naturellement à ses côtés le ministre de l’Energie, mais ceux des Télécommunications ou encore des Infrastructures. Les partenaires techniques et les autorités locales étaient également fortement représentés.
Dans les rues de Boké, les lampadaires sont allumés en pleine journée. Les boutiques et concessions privées sont aussi éclairées. C’est inhabituel. Le courant est là grâce au projet d’interconnexion électrique des Etats membres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG), lancé le 4 février 2018 à Kaléta, en Guinée. Un projet financé à hauteur de 722 millions de dollars par les partenaires de l’OMVG et qui couvre 1677 km de lignes et comporte 15 postes et 2 dispatchings. « Ces 1677 km sont accompagnés de 36 paires de fibre optique qui vont permettre de développer les télécommunications tant au niveau local qu’au niveau des centres urbains », a précisé Lansana Fofana, Haut-Commissaire de l’OMVG. Pour lui, ce projet est aussi important « parce qu’il va aider les gouvernements à lutter contre l’exode rural et l’immigration clandestine ».
L’ouvrage énergétique permettra à la ville de Boké ainsi qu’aux agglomérations de Kolaboui, Kamsar et de Sangarédi de bénéficier des services du complexe de Kaleta. « TË FAA (le courant est revenu en langue soussou) est fini dans le langage de Boke ! », a rassuré davantage le directeur général de l’EDG (Électricité De Guinée).
Toutefois, il invite à la prise de conscience des citoyens de Boké en les invitant à payer des factures. « Il faut qu’on se souvienne que c’est un gros investissement qui a été fait dans ces pays membres de l’OMVG. Donc la seule façon de maintenir ces installations, c’est le paiement de nos factures, c’est l’entretien de ce poste », a lancé Laye Sékou Camara.
Selon El Hadj Seydouba Soumah, ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, ce réseau permettra aussi l’interconnexion avec les autres projets régionaux :
- TRANSCO-CLSG (Côte d’Ivoire-Liberia-Sierra-Leone-Guinée) ;
- Guinée-Mali avec la liaison Linsan-Balassa-Fomi;
- OMVS-SOGEM et l’extension de l’interconnexion en Guinée (boucle de Guinée Linsan-Balassa-Faranah-Kissidougou-Gueckédou Macenta-Nzérékoré).
Il ajoute que la réalisation de ce projet « à caractère régional » aide à résoudre des problèmes de production d’énergie « en mettant en commun notre potentiel d’offre énergétique ».
Un rêve des habitants de Boké rendu réel par le CNRD d’après le premier ministre du gouvernement de la transition. En effet, Dr Bernard estime que Boké, « en tant que poumon économique, social et environnemental de notre pays doit continuer à faire battre le cœur de la Guinée ». Il a aussi profité de l’occasion pour inviter les chefs d’État membres de l’OMVG à continuer de trouver « en leur homologue le colonel Mamadi Doumbouya un panafricaniste résolument engagé à relever les défis de l’Afrique de l’ouest » et surtout dit-il, pour avoir « accéléré l’aboutissement de cet important ouvrage ».
Chez les citoyens, le soulagement est immense. C’est le cas de Mamadou Bhoye Diallo, habitant au quartier Koulifaya, qui se réjoui surtout du calme qui revient dans son secteur, maintenant que les groupes électrogènes qui alimentaient les concessions seront au repos. « Il était invivable ici avant. On avait dû mal à s’entendre. Mais grâce à ce projet d’interconnexion, nos oreilles vont respirer et nous profitons en même temps de la disponibilité du courant 24/24 » a-t-il exprimé.
Aliou Nasta