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Nigéria : un naufrage en forme d’avertissement pour Bola Tinubu

Pour le président nigérian, Bola Tinubu, investi dans ses nouvelles fonctions le 29 mai dernier, la période de grâce aura été de courte durée. S’il avait une certaine perception des défis auxquels il devra s’attaquer tout au long des quatre prochaines années, le naufrage enregistré hier mardi 13 juin dans l’Etat de Kwara, dans le centre-nord du pays, vient lui rappeler qu’il devra certainement actualiser ces données, car les choses sont plus urgentes qu’il ne s’était imaginé. Ce drame avec déjà plus de 100 morts renvoie sans doute à un certain nombre de tares et de négligences par rapport auxquelles le tout nouveau président sera attendu. Lui qui s’en est déjà pris au Gouverneur de la banque centrale du Nigéria, Godwin Emefiele, qu’il accuse de corruption, est ainsi subitement interpellé par d’autres problématiques tout aussi importantes.

Toutes les données en rapport avec les circonstances dans lesquelles le drame s’est produit ne sont pas encore disponibles. On sait toutefois que l’accident a débouché sur une véritable tragédie nationale, avec déjà quelques 103 corps comptabilisés. Un bilan qui pourrait sans doute évoluer. L’embarcation, partie de l’Etat de Kwara, s’acheminait vers celui du Niger, avec à son bord des centaines de passagers revenant d’un mariage.

La région n’étant pas réputée pour certaines intempéries dont des vents violents ou des tremblements de terre qui pourraient avoir provoqué l’accident dramatique, on peut à priori penser à des causes découlant de défaillances humaines. D’ores et déjà, il n’est pas exclu que l’embarcation soit vétuste et souffrant d’un déficit chronique d’entretien. Ce qui, au-delà de la responsabilité de ceux qui en ont directement la charge, poserait la question des moyens de transport dans ces zones-là du pays. Problématique qui, par ailleurs, pourrait expliquer que des centaines de personnes aient été contraintes de s’entasser comme des sardines dans le bateau avec comme conséquence, la tragédie dont il est désormais question. Cette surcharge elle-même engagerait la responsabilité de l’Etat au plus haut niveau. En effet, si des agents en charge de faire respecter un certain nombre de normes en rapport avec l’exploitation du bateau se sont rendus coupables de légèreté, notamment pour ce qui est de la surcharge, cela découlerait ultimement d’un laisser-aller et d’une absence de contrôle qui sont imputables aux autorités nigérianes.  Surtout que le pays a enregistré des drames similaires qui auraient inciter les autorités à faire montre de rigueur dans l’application des principes de prévention.

Dans nos pays, la situation est classique. Pour les dirigeants qui arrivent nouvellement aux affaires, le constat est toujours le même : la réalité surpasse ce qu’on imaginait en étant en dehors du pouvoir. C’est un peu ce que doit penser en ce moment le président nigérian, Bola Tinubu. Lui dont en attend beaucoup de choses, même si son élection demeure contestée par ses adversaires. En particulier, on attend de lui qu’il redonne à son pays le statut de gendarme sous-régional que celui-ci avait assumé il y a quelques années. Géant économique de l’espace CEDEAO et même du continent africain, le Nigéria doit en effet incarner une sorte de rempart face à la crise démocratique à laquelle la sous-région est confrontée avec les trois transitions militaires et ce qui se profile au Sénégal. Alassane Ouattara s’étant délégitimé avec son troisième mandat et Patrice Talon n’étant pas particulièrement porté sur les principes démocratiques, le Ghana et besoin de s’adosser sur un Nigéria jaloux de son leadership régional pour espérer sauver les meubles. Mais pour avoir la prétention de dicter la marche à suivre chez ses voisins, le Nigéria lui-même doit pouvoir s’occuper de ses démons intérieurs. Et Dieu seul sait qu’il y en a aujourd’hui dans le pays dont hérite Bola Tinubu. Le naufrage d’hier n’en est qu’une tragique illustration, malheureusement.

Boubacar Sanso Barry

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