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Transition en Guinée : petite passe d’armes diplomatique entre Jolita Pons et Dr. Morissanda Kouyaté

C’est connu. Ce n’est plus aussi évident pour les pays occidentaux en particulier de s’exprimer sur des sujets internes aux pays africains. La vague souverainiste qui traverse le continent ces dernières années qui n’est pas sans lien avec l’émergence d’autres partenaires concurrençant sérieusement Européens et Américains, y est certainement pour quelque chose. Ce qui fait que même dans les pays aujourd’hui en transition, les chancelleries occidentales ont tendance à y aller avec une extrême prudence. Parce qu’une attitude ou un mot jugé osé peut tout de suite donner lieu à une réplique des plus cinglantes. Et c’est un peu ce à quoi on a assisté le jeudi dernier, en marge de la réception que la cheffe de la Délégation de l’Union européenne a accueillie, à l’occasion de la journée de l’Europe, célébrée tous les 9 mai. Les propos que l’ambassadrice de l’UE, Jolita Pons, y a tenus à propos du retour à l’ordre constitutionnel et des atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales, Dr. Morissanda Kouyaté, le chef de la diplomatie guinéenne, ne les a pas aimés. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il l’a fait savoir.

Les dernières sorties du genre de la part du ministère guinéen des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger, l’ambassade des Etats-Unis en était le destinataire. Cette dernière venait d’afficher un compte-à-rebours du chronogramme de la Transition sur son portail électronique. Preuve que la question du déroulement chronogramme de la Transition agace Conakry. Car cette fois encore, c’est un peu la même question qui a mis le feu aux poudres. Dans son message de circonstance, l’ambassadrice de l’Union européenne a soulevé en effet le débat sur la constitution dont elle a dit qu’elle est attendue. « Dans quelques semaines, en juin, des millions de citoyens européens iront voter pour élire le nouveau parlement européen. Pour la dixième fois, ces élections donneront aux citoyens européens des moyens pour peser sur la gouvernance de l’Union européenne et de décider de ses futures orientations. La Guinée ne fait pas exception à des réflexions similaires en ce moment charnière de son histoire. Je suis certaine que chaque citoyen guinéen s’interroge aujourd’hui sur l’avenir de son pays. La future constitution tant attendue en sera une pierre fondatrice. Il est juste qu’elle soit adoptée avec l’accord du peuple dans le respect des délais et des engagements pris », a-t-elle déclaré. Puis, plus loin, évoquant les programmes appuyés par l’Union européenne en faveur de la Guinée, Jolita Pons a fait remarquer : « Toutes ces contributions ne pourront conduire à une amélioration significative et durable dans la vie de chaque Guinéen qu’à deux conditions : le respect de l’Etat de droit et des libertés fondamentales et un investissement renforcé dans la jeunesse du pays. Les partenaires peuvent certes contribuer, mais ils ne peuvent en revanche se substituer à la volonté politique ».

Dans sa réponse à la cheffe de la Délégation de l’UE en Guinée, le ministre des Affaires étrangères convoque tout d’abord le processus de construction du bloc européen de 1950 à nos jours. « En 74 ans, l’Union européenne est passée d’un homme – Robert Schuman – à quatre hommes – Jean Monnet, Alcide de Gasperi, Robert Schuman et Konrad Adenauer – puis à six pays – Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas – puis progressivement à 28 pays et à 27 ans pays, après le retrait d’un pays membre qui la trouve non conforme à ses intérêts et qui a voté le Brexit. Madame l’ambassadrice, c’est un chronogramme respectable qui prouve que la construction des pays et des organisations internationales ne se fait pas à coup de baguette magique. Elle se fait par des peuples sous le leadership de grands hommes. La Guinée est dans ce processus », lui dit-il.

Puis, Morissanda Kouyaté de rajouter : « Aujourd’hui, contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas chaque Guinéen qui s’interroge sur l’avenir de notre pays. C’est plutôt le pays, sous le leadership du CNRD et son président qui s’est interrogé et a proposé subséquemment à tous les Guinéens, sans exclusive en tant que nation, un programme de refondation à travers un dialogue inter-guinéen inclusif. Notre jeune nation est fragile pour la laisser dans les seules mains individuelles ».

Au sujet de la nouvelle constitution abordée par la représentante de l’UE en Guinée, le ministre des Affaires étrangères répond : « Cette constitution est en chantier. Nous travaillons à créer une constitution guinéenne, comme vous avez travaillé vous les Européens, à produire au niveau de vos nations et au niveau communautaire, vos constitutions et vos textes communautaires qui ont été élaborés sur la base des réalités sociales, économiques et politiques de l’Europe. Le 9 juin prochain, les citoyens de l’Union européenne vont voter. Nous leur souhaitons bonne chance. Ils vont voter sur la base des textes de l’Union européenne et des règles communautaires. Je voudrais mentionner que la République de Guinée ne sera qu’un lointain observateur. Je voudrais aussi vous rassurer que notre constitution sortira des entrailles du peuple guinéen et elle échappera à l’éternel copier-coller du code napoléonien comme il est de coutume dans plusieurs pays ».

Enfin, à propos des droits humains et des libertés fondamentales, le chef de la diplomatie guinéenne dit en substance que la Guinée n’a pas de leçons à recevoir en la matière. « Je voudrais saisir cette opportunité pour attirer votre attention sur les appuis des partenaires qui, comme vous l’avez dit, ne serviraient pas à grand-chose si nous ne créions pas un Etat de droit de droit et liberté. Nous l’avons entendu Madame. Je voudrais vous rassurer : la liberté et les droits de l’homme ont une patrie, c’est la Guinée. Notre hymne national que vous venez d’écouter tout à l’heure s’appelle ‘’Liberté’’. Nous savons la valeur de la liberté. C’est pourquoi nous devons l’honorer et nous l’honorons tous les jours. Nous y tenons. C’est pourquoi nous travaillons avec vous, avec toute la communauté internationale, sans réserve et sans calcul, pour chaque Guinéen et pour Chaque Guinéenne et surtout pour tous les Guinéens dans un destin commun afin de leur garantir à eux et par eux leurs libertés et tous leurs droits. Je voudrais préciser que la République de Guinée s’investit depuis son indépendance à conquérir et à garantir les droits de l’homme que l’ampute souvent des droits des peuples. Alors la Guinée s’investit à conquérir et à garantir les droits de l’homme et les droits des peuples. Ces droits qui sont si importants, si précieux et si liés, qui ne sauraient être ni côtés à la bourse, ni achetés », assène-t-il.

Boubacar Sanso Barry

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