Le débat autour de la candidature du président de la transition, le Général Mamady Doumbouya, aux prochaines élections présidentielles en Guinée, a pris une nouvelle tournure le 1er février 2025. Lors d’un grand rassemblement à Kankan, Amara Camara, numéro 2 de la junte militaire, a affirmé que « la candidature prochaine du président Mamady Doumbouya est la seule alternative pour garantir le rassemblement des Guinéens et l’élan du développement amorcé ». Cette prise de position publique suscite déjà quelques réactions, notamment de la part de Mamadou Oury Diallo, président du Mouvement Patriotique Libéral (MPL), qui a réagi avec force.
Dans une déclaration acerbe, Mamadou Oury Diallo a comparé cette situation à des épisodes sombres de l’histoire politique récente de la Guinée. Selon lui, les événements actuels rappellent de façon inquiétante des moments du passé, comme l’ascension de Dadis Camara ou la stratégie d’Alpha Condé pour obtenir un troisième mandat. « Rappelez-vous du Dadis ou la mort qui amena ce dernier à dire qu’il ôterait sa tenue pour être candidat. Alpha Condé qui depuis le palais Sékhoutouréya annonçait un jour que des braves femmes guinéennes avaient mobilisé leurs propres sous pour payer la caution pour sa candidature à un troisième mandat », a-t-il lancé. Pour lui, la stratégie actuelle de la junte, à travers les discours et la mobilisation de la foule, c’est du « déjà vu », une tentative de manipulation politique visant à obtenir un soutien populaire pour une candidature qu’il juge contraire aux engagements de la transition.
Oury Diallo a également critiqué ceux qu’il appelle les « courtisans du palais », qui, selon lui, cherchent à préserver leurs privilèges en jouant sur la pression populaire pour pousser Doumbouya à se présenter. « Ce sont des courtisans du pouvoir qui cherchent à maintenir leurs privilèges en jouant sur la stratégie de la foule pour convaincre Doumbouya de se présenter », a-t-il déclaré, dénonçant ainsi une instrumentalisation de la mobilisation populaire au service des intérêts du pouvoir en place.
Concernant l’attitude du président de la transition, Mamadou Oury Diallo a souligné que Mamady Doumbouya est « un homme moins bavard, fin observateur », et qu’il pourrait bien choisir d’exprimer ses intentions de manière plus formelle. « Au moment venu, il prendra lui-même la parole sur le sujet. Si non ses envoyés viendront poser officiellement le sujet en son nom lors du futur cadre de dialogue qui est en perspective », a-t-il précisé, indiquant qu’il est préférable de laisser Doumbouya s’exprimer directement, plutôt que de se fier à des déclarations indirectes.
En cas de candidature de Doumbouya, le président du MPL a affirmé que son mouvement resterait fidèle à ses principes, privilégiant « le vote, les urnes, à la violence et au bain de sang ». « Si le président Doumbouya décidait, contre ses grands engagements de départ, de se présenter, nous au mouvement des patriotes libéraux, préfèrerons le vote, les urnes, à la violence et au bain de sang », a-t-il insisté. Cette déclaration souligne l’engagement du MPL en faveur d’un processus démocratique et pacifique, loin des dérives violentes auxquelles la Guinée a parfois été confrontée dans son histoire politique.
Enfin, Mamadou Oury Diallo a réaffirmé l’importance de se concentrer sur les prochaines échéances électorales. « C’est pour cette raison que nous sommes focus sur les différentes échéances électorales à venir, auxquelles nous comptons présenter des candidatures indépendantes, communales, législatives et présidentielle », a-t-il souligné. Il a ainsi mis en avant l’intention du MPL de participer activement au processus électoral, en y apportant des alternatives indépendantes, loin des dynamiques actuelles autour de la junte militaire.
Thierno Amadou Diallo
