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RD Congo : Goma, une capitale en sursis

Ce n’est pas encore fait, mais cela ne saurait tarder. Au rythme de la progression dont le M23 a fait montre ces derniers jours, la chute de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu n’est plus qu’une question d’heures. Les soldats de la SADC et de la Monusco, tous mobilisés au côté des troupes fidèles à Kinshasa, n’y changeront pas grand-chose. Après s’être emparés de Saké, verrou stratégique situé à 20 km à l’ouest de Goma et de Kibumba, au nord de la capitale provinciale, entre vendredi et samedi, les rebelles, sourds aux appels de la communauté internationale et ignorant les condamnations des Nations unies, semblent résolus à opérer la prise symbolique de Goma. Ouvertement soutenus par le Rwanda dont des soldats ont été aperçus sur le sol congolais ces derniers jours, ils sont décidément conscients de l’avantage psychologique et stratégique que la chute de cette ville leur conférerait. A l’inverse, le président Tshisekedi et les siens, plus que jamais à la peine, en sont résolus à quémander l’appui du Conseil de sécurité de l’ONU. Un appui diplomatique qui ne pèse pas suffisamment face à la supériorité militaire des rebelles sur le terrain.

Goma, une chute imminente

Plusieurs indices laissent entrevoir l’imminence de la chute de la ville de Goma. Déjà, hier, au cours de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies, Bintou Keïta, la cheffe de la Monusco évoquait la présence de soldats rwandais et de rebelles du M23 « aux abords de la ville ». Elle s’alarmait en outre du fait que l’aéroport de Goma « ne [pouvait] plus être utilisé aux fins des évacuations ou des efforts humanitaires ». Il y a également ces bombardements qui, ce dimanche en fin de matinée, ont ciblé des camps de déplacés installés à l’ouest de Goma. Des sources humanitaires ont évoqué une dizaine de victimes. Les condamnations et les alarmes qui émanent des quatre coins de la planète sont également symptomatiques de la dégradation brusque enregistrée ces derniers jours dans le conflit qui secoue l’est de la République démocratique du Congo depuis quatre ans. L’Union européenne, l’Union africaine, les Etats-Unis, la France, la Turquie, l’Angola…tout le monde appelle à la retenue et au respect du cessez-le-feu conclu en juillet dernier. Au passage, le rôle d’agresseur du Rwanda est ouvertement reconnu et publiquement dénoncé. Mais Paul Kagamé n’en a cure. Pour lui, l’occupation de l’est de la RDC est la poule aux œufs d’or. Et aucune condamnation de principe ne saurait le dissuader de poursuivre cette guerre aussi juteuse. D’autant qu’il a conscience qu’au-delà des déclarations liminaires, les principales puissances notamment occidentales sont davantage dans une logique de duplicité et d’hypocrisie.

Tshisekedi, une faillite lamentable

Mais dans l’absolu, c’est à Félix Tshisekedi que les populations congolaises doivent le martyre qu’ils vivent depuis la reprise de ce conflit. C’est en effet au président congolais qu’il revenait de garantir leur sécurité, de leur éviter de se faire tirer dessus, de se faire tuer ou violer ou d’abandonner leurs demeures pour errer dans la rue et dans la brouisse, à la merci des intempéries et des agresseurs de toutes sortes. Mais il a lamentablement failli. Au lieu de prendre la mesure de la situation et de s’élever à la hauteur du défi, il aura passé les quatre dernières années, à se plaindre. Des plaintes dans les médias et à l’occasion des principales rencontres auxquelles il a pris part. Ne comprenant manifestement pas que la sécurité et la défense relèvent des missions régaliennes dont aucun Etat sérieux ne saurait se dérober, le président Tshisekedi s’obstine à ne compter que sur l’extérieur pour ramener la paix dans son pays. Franchement révoltant de la part d’un pays aussi riche que la RDC. A croire que le dirigeant congolais n’a rien retenu de l’histoire récente du Sahel. C’est ainsi qu’en milieu de semaine dernière, quand les rebelles du M23 ont lancé leur offensive en direction de Goma, rentrant précipitamment de son séjour à l’extérieur, il s’est empressé d’appeler à la convocation en urgence de la réunion du Conseil de sécurité. Faiblesse ou naïveté ? Peut-être les deux à la fois. Car comment peut-on espérer la solution de la part de ceux qui profitent du problème ? Voilà pourquoi cette guerre perdure et perdurera certainement. Vu que seule une ferme et authentique volonté des autorités congolaises à y mettre un terme en viendra à bout. Or, pour l’heure, cette éventualité n’est même pas encore sur la table.

Boubacar Sanso Barry

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