ledjely
Accueil » Foniké Menguè, disparu depuis un an : sa femme témoigne entre larmes et courage
ActualitésJusticeSociété

Foniké Menguè, disparu depuis un an : sa femme témoigne entre larmes et courage

Cela fait un an jour pour jour que Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, a disparu. Douze mois de silence, d’incertitude et d’attente insoutenable pour ses proches. Sa femme, Hawa Dian, a accepté de briser ce silence et de partager avec nous le fardeau d’un quotidien marqué par l’absence dans une interview accordée au Ledjely.com. Son témoignage est empreint de douleur, mais aussi d’une force inébranlable et d’un espoir tenace.

Lisez !

Ledjely.com : Cela fait un an que votre époux a été enlevé. Pourriez-vous nous raconter le moment où vous avez appris la disparition de votre mari et ce qui s’est passé dans les jours qui ont suivi ?

Hawa Dian : C’était le 9 juillet dernier, exactement un an aujourd’hui. J’étais hors du pays depuis environ sept ou huit mois. En principe, je l’attendais, car il devait venir me rejoindre. La veille, le 8 juillet, nous avons passé la journée à discuter au téléphone, comme nous le faisions souvent lorsqu’il était loin.

Le 9 juillet, je devais emmener les enfants quelque part, et nous en avions parlé la veille. Le soir, à mon retour, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu. Je me suis dit qu’il était peut-être sorti et qu’il me rappellerait. Une heure, puis deux, puis 22h, 23h… toujours aucune nouvelle.

J’ai tenté de joindre ma petite sœur qui vivait chez nous en Guinée, mais elle non plus n’a pas répondu. Les événements venaient de se produire, mais personne n’osait me dire directement ce qu’il s’était passé. C’est sur les réseaux sociaux que j’ai appris qu’ils avaient été arrêtés.

Je suis restée calme, pensant qu’il ne servait à rien de paniquer. Je me disais qu’un jour, nous aurions des nouvelles, que nous saurions où ils avaient été emmenés. Mais jusqu’à présent, ce « demain » n’est jamais arrivé.

Vous avez découvert cette triste nouvelle sur les réseaux sociaux. Quels ont été vos premiers sentiments ?

La peur. J’ai eu très peur. Je me souvenais encore de sa dernière arrestation sous le précédent régime. Ce n’était pas le même contexte, pas les mêmes méthodes. J’ai tout de suite pensé au pire.

Je n’ai pas dormi cette nuit-là. Le matin, nous avons contacté les avocats pour avoir des informations. Me Béavogui m’a répondu qu’il n’avait pas encore eu accès à lui. Il s’est rendu à la DPJ, puis à la maison centrale, mais partout on lui disait qu’ils n’étaient pas là. Aucun service ne reconnaissait leur arrestation.

Comment avez-vous abordé cette situation avec vos enfants ?

Je ne leur ai jamais dit formellement ce qui s’est passé. Ma fille aînée, qui a 9 ans, a compris au bout de deux ou trois jours sans contact avec son père. Ce n’était pas la première fois qu’il était arrêté, elle savait déjà.

Quand elle m’a demandé : « Papa a des problèmes ? », je répondais : « Oui, mais on va bientôt l’avoir au téléphone » Parce qu’en réalité, moi-même je ne réalisais pas encore que nous n’aurions plus de nouvelles.

Les plus petits sont trop jeunes pour comprendre. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut leur expliquer simplement.

La disparition de votre époux a-t-elle bouleversé votre quotidien ?

Tout a changé. Il n’y a plus sa présence, ses mots, son soutien. Le quotidien, les échanges, les décisions partagées, tout ça me manque.

Avec les enfants, j’essaie de maintenir un rythme stable, mais ce n’est pas toujours facile. La journée, on s’occupe, on tient bon. Mais le soir, quand tout est calme, que les enfants sont couchés, c’est là que le vide se fait sentir. Le silence devient pesant.

Quelles sont les épreuves les plus difficiles à gérer au quotidien ?

Les enfants, surtout. Moi, je sais pourquoi il me manque. On était ensemble depuis 2008-2009, je n’ai jamais vécu sans lui. Même lors de ses précédentes arrestations, il faisait partie de mon quotidien.

Mais pour les enfants, c’est encore plus dur. Ils n’en parlent pas tous les jours, mais je sais qu’ils ressentent son absence. Il y a des jours où je n’ai même pas envie qu’ils en parlent, car cela finit souvent en larmes.

Quand ils jouent, qu’ils rient, je préfère laisser les choses ainsi. Mais dès qu’on en parle, la douleur resurgit, et ce sont des journées très compliquées à gérer.

Y a-t-il des moments où la peur ou le désespoir prennent le dessus ? Comment faites-vous pour tenir ?

J’essaie toujours de ne pas laisser ces sentiments prendre le dessus sur l’espoir. Je continue de me battre, parce que je sais que c’est ce qu’Oumar aurait voulu.

Il ne supportait pas que je baisse les bras. Il voulait que je sois forte. Et j’espère qu’il continue lui aussi à se battre, là où il est, avec le courage et la foi qu’on lui connaît. C’est cette foi qui me soutient. Je suis convaincue que cela ne l’anéantira pas.

Si vous pouviez lui adresser un message aujourd’hui, que lui diriez-vous ?

De garder la foi. Tout cela finira un jour. Aucun pouvoir n’est éternel. Et j’espère que nous nous retrouverons bientôt.

Ce qui me réconforte, c’est le souvenir d’un Oumar fort, confiant, aimant et toujours présent. Ce souvenir ne me quittera jamais.

Interview réalisée par Binty Ahmed Touré 

Articles Similaires

Ministère de la Jeunesse : Robert Sarah Koulemou (Robbie) et Khaïté Sall installés dans leurs fonctions

LEDJELY.COM

Ministère du Tourisme et de l’Hôtellerie : Souleymane Dounoh Keïta et Baba Thiam installés

LEDJELY.COM

Labé : Aïssatou Diallo se rétracte après avoir accusé son père de l’avoir mise enceinte

LEDJELY.COM

Amadou Djouldé Diallo menace Sekouba Konaté : « J’ai aussi de graves révélations à faire sur lui »

LEDJELY.COM

Présidentielle : un journaliste exhorte le général Doumbouya à tenir sa promesse

LEDJELY.COM

Dubreka-Koubia : des jeunes bloquent la route pour réclamer le retour de l’électricité

LEDJELY.COM
Chargement....