Le général Assimi Goïta, à la tête de la junte malienne depuis 2020, a promulgué une loi controversée lui accordant un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable indéfiniment, sans passer par les urnes. Une mesure qui prolonge son règne jusqu’en 2030 au minimum, dans un pays déjà fragilisé par l’instabilité sécuritaire et institutionnelle.
Cette décision, rendue publique à travers un document diffusé sur les réseaux sociaux et authentifié par les autorités maliennes, formalise ce qui s’apparentait depuis des mois à un glissement autoritaire assumé. Selon le texte, Goïta exercera « les fonctions de chef de l’État (…) jusqu’à la pacification du pays », une échéance non définie qui laisse la porte ouverte à un maintien durable du pouvoir militaire.
Arrivé au pouvoir à la faveur de deux putschs successifs en 2020 et 2021, le régime militaire s’était initialement engagé à organiser des élections libres au plus tard en mars 2024. Une promesse aujourd’hui rompue. À la place, la junte a orchestré une concertation nationale en avril dernier, au terme de laquelle elle s’est octroyée les pleins pouvoirs.
La nouvelle loi précise que le mandat de cinq ans peut être « écourté dès que les conditions permettant l’organisation d’une élection présidentielle transparente et apaisée sont réunies ». Mais pour nombre d’observateurs, cette clause relève davantage du discours de façade que d’un réel engagement démocratique.
Cette loi s’inscrit dans une série de décisions jugées liberticides : suspension des partis politiques, musellement des médias, arrestations d’opposants… Le régime d’Assimi Goïta durcit progressivement sa mainmise sur le pays, justifiant ses actions par la nécessité de restaurer la sécurité face aux groupes jihadistes actifs dans le Sahel.
Désormais, le président de la transition, les membres du gouvernement et ceux de l’organe législatif désigné par la junte sont autorisés à se porter candidats aux futures élections, quand elles auront lieu.
Cette annonce intervient dans un contexte régional tendu, où plusieurs pays dirigés par des régimes militaires comme le Niger affichent des ambitions similaires de longévité politique. Pour certains analystes, une nouvelle ère de régimes militaires durables s’installe dans la région, souvent au nom de la stabilité sécuritaire, mais au détriment des libertés démocratiques.
N’Famoussa Siby